Quand je suis entré dans l'amphi, un vieil amphi anonyme à Strasbourg, j'ai reconnu Josiane, à droite mais je voulais bien entendre l'orateur. C'était André C., un vieux physicien qui avait rejoint le GERSULP et avec qui j'avais eu des problèmes sérieux, qui parlait. Mais je croyais qu'il était mort. Eh non ! il était bien vivant, puisque c'est lui qui faisait l'exposé. Un exposé sur ses dernières recherches. Je le vois passer dans la travée se dirigeant vers la chaire. Il me fait un petit signe de connivence que j'ignore. Il est mal à l'aise. Il commence son topo. Curieusement, il avait fait un trou dans le tableau noir, trou par lequel il faisait sortir un vieux journal, puis, peu de temps après, une plante verte, un rameau d'arbre plutôt, avec toutes ses feuilles. Cela devait illustrer un propos totalement incompréhensible. Je me disais qu'il n'avait pas beaucoup changé finalement. Sur le banc juste devant moi il y avait Thierry qui me montre une nouvelle publication. Avant de s'en aller, assez dégoûté par ce qu'il entendait, il me passe une sorte de porte-documents en cuir dans lequel il y avait un bric-à-brac bizarre. "J'ai encore trouvé ça dans tes tiroirs", me dit-il. Il y avait un vieux paquet de pain d'épices, quelques papiers, bref rien d'intéressant. Je comprends enfin de quoi il s'agit : on a proposé aux retraités de l'ULP de venir exposer leurs théories cachées, les idées qu'ils n'ont jamais osé évoquer pendant leur carrière scientifique. Bientôt, un groupe de tous ces vieux scientifiques m'entourent. Je ne leur fais plus peur. Auparavant, quand nous étions en pleine activité, ils avaient mal vécu mon recrutement : "Que vient faire ce "sociologue à la tord-moi-le-noeud" dans notre communauté ?" Mais là, vieilli par les années, avec leur cerveau tout racorni, ils s'approchaient, souriants, pour discuter avec moi. Je leur disais : "Moi, j'habite maintenant au Portugal." Je les imaginais, chacun dans sa villa, les maisons qu'ils s'étaient fait construire dans la banlieue de Strasbourg pendant des années, lisant les journaux et tempêtant contre la jeunesse. L'un me dit : "Contre le FN, il faut un argument." Il a l'air très fier de cette pensée politique profonde. Un argument. Avant de quitter l'amphi, je vais dire bonjour à Lawrence et Sarah, en haut à droite. Fin du rêve.
Sans doute une suite à la soutenance à laquelle j'ai participé hier après-midi à la Faculté des Sciences sociales de Lisbonne. Marta soutenait (en anglais) sa thèse de Master, travail que j'avais co-dirigé avec Ana S. Elle a obtenu la note de 19 sur 20. "On ne donne jamais 20, me dit le président. 20, c'est la note de Dieu !" Je suis content pour Marta, docteur en physique au départ, et qui s'est lancée dans la communication scientifique. Le thème de son travail : "Science in fiction". Un beau texte qui devrait être publié.
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