Je viens de lire un compte rendu des élections à l'Université Sorbonne Paris Cité qui n'est pas véritablement une université au sens où nous l'entendions, mais un (ou une ?) comue, ces nouveaux êtres administratifs qui tentent de se substituer à ce que nous appelions des "universités". Le titre était significatif : défaite des listes présidentielles aux élections SPC (Sorbonne Paris Cité). Défaite qui n'est certes pas spectaculaire mais à voir la manière dont ces élections ont été organisées pour que les listes présidentielles ne soient pas en danger, ce n'est pas si mal. Défaite de Mérindol et Berger, en tout cas. Défaite de l'intelligence élitiste qui sait mieux ce qu'est l'intelligence et l'élite puisque c'est d'eux qu'il s'agit.
On pourrait s'étonner qu'en tant que retraité, je m'intéresse encore au sort de mes collègues bien vivants qui luttent pour préserver une certaine idée de l'université collégiale et démocratique sans démagogie. Je m'y intéresse parce que l'université pourrait jouer un rôle social et culturel d'envergure dans le monde de demain. Les esprits sont prêts. Refusons les luttes de pouvoir. Auto-organisons-nous en oubliant les fatalités hiérarchiques qui introduisent des distinctions là où il ne devrait y avoir que des différences. Je sens en moi la fibre pamphlétaire et militante se réveiller après bien des années. Peut-être est-ce à travers les textes de David Graeber, Eduardo Viveiros de Castro et David Abram que j'entrevois un monde universitaire différent de celui qui semble vouloir s'imposer par indifférence bureaucratique.
En réalité, en y repensant peu après avoir écrit cela, je crois que mon bref séjour à Coïmbra y a été pour quelque chose. Beaucoup d'étudiants et d'étudiantes de Coïmbra ont adopté l'uniforme. Les filles se promènent dans de longues capes noires, des jupes noires et des bas noirs. Les garçons, pareil, avec de larges écharpes noires jetées sur l'épaule. Je m'étonnais de ce recours à l'habit pour faire le moine auprès de ma belle-soeur Elsa qui me répondit : "Ce n'est pas obligatoire. Il n'y a que les crétins qui s'habillent comme ça." Si c'est vrai, il y a beaucoup de crétins à Coïmbra ! Du temps de Salazar, les étudiants refusaient l'uniforme en guise de protestation contre la dictature. Maintenant que celle-ci a disparu, ils se réfugient dans l'uniformité de classe que leur confère le statut d'étudiant.
De retour à Lisbonne, avec son ciel bleu permanent, légèrement doré par l'aube, je suis content de retrouver mes lieux familiers. Bonne journée à tous.
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