Ce sont sans doute les forces cosmiques dont Irène a parlé à Isabel qui ont provoqué cette longue insomnie la nuit dernière. En tout cas, les soucis en ont profité pour passer et me mordiller les circonvolutions cérébrales, telles des souris dans un grenier généralement satisfait de sa poussière. J'ai quand même fini par dormir un peu et rêver. Isabel donnait un grand dîner pour ses amis qui se sont mis tous à fumer. Je leur ai dit que ce n'était pas une maison où l'on fumait à l'intérieur et ils sont allés sur la terrasse de notre belle villa superbement meublée. Cela se passait un jeudi et j'ai vu Z. arriver comme toutes les semaines, la tête rasée et une dent en moins. Nous nous sommes installés à une petite table. J'ai failli perdre l'équilibre en m'asseyant dans un fauteuil de paille quelque peu instable. Et nous avons commencé la discussion jusqu'au moment où il a fallu que j'aille aux toilettes. Occupées. Je sais qu'il y en a d'autres jouxtant notre chambre à coucher dont les murs, tout de vert vêtus, faisaient penser à des parois couvertes de mousse.
Actuellement j'explore un peu les travaux de Zhao Yong sur l'éducation et tout ce que je lis de lui me semble très pertinent. J'ai aussi regardé un article de José Pacheco en portugais que j'ai lu sans problème. Lui aussi a des idées qui convergent complètement avec celle que nous défendons dans le nouveau projet. A la Escola da Ponte, près de Porto, il n'y a pas de classes, pas de programme, pas de matière disciplinaire, pas d'évaluation comparative. L'essentiel du travail des élèves se fait autour de projets de recherche qu'ils ont choisis selon leurs intérêts et leurs talents. Ils appliquent depuis trente ans les principes que l'on peut tirer du "paradoxe de Medinger" : il faut faire travailler les élèves dans les matières où ils sont bons parce que ça les intéressent. C'est là qu'ils ont besoin de guide et de soutien. Dans les matières qui ne les intéressent pas, ils n'ont pas besoin de guide puisqu'ils ne veulent aller nulle part.
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