J'étais en train de me faire une tartine de pâté quand papa est arrivé, parfaitement silencieux, derrière moi. On ne l'attendait pas. Il est revenu d'on ne sait où par surprise. Il portait une chemise blanche et était plutôt de bonne humeur. (C'est fou ce que les enfants sont sensibles à l'humeur de leurs parents. Ils en tirent des informations importantes pour la suite des événements.) Je propose à mon père de goûter l'excellente mousse de canard dont il reste encore quelques tranches sur le frigo. Je le laisse se régaler pendant que je vais pisser. Je ne contrôle pas parfaitement le jet qui asperge des vêtements d'enfants, bien repassés et pliés qui se trouvent sur le bord de la lunette. Pourquoi sont-ils à cet endroit ? Mystère.
Au réveil j'aperçois par la fenêtre un ciel luxembourgeois inhabituel et magnifique, avec des teintes dorées annonciatrices au dessus des deux collines qui me font face, et plus bas, dans le creux, une sorte de masse sombre de nuages bien découpés, comme un massif gris-montagne au loin, en train de disparaître. Et peu après, en effet, c'est le soleil lui-même qui fait son apparition dans ce même creux entre les collines, comme le pendentif en or entre les seins d'une femme qui se penche sur le monde.
Hier, avec Jeannot nous avons rencontré un chanteur d'opéra et son fils, chef d'orchestre, très intéressés tous les deux par notre projet. La voix du père, une basse splendide même quand il parlait doucement, était impressionnante de douceur et de force contenue.
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