Le livre d'Eduardo Kohn est vraiment intéressant. Il parle notamment de sa crise d'angoisse dans un bus qui le menait à Avila à travers les lacets très serrés quatrevingtuitant sur les flancs d'une pente escarpée. Tous les autres passagers discutaient et remuaient normalement sans le moindre souci apparent pour cette montée vertigineuse. Il était le seul dans son état d'anxiété profonde qui s'est, bien entendu accentuée, quand il s'est rendu compte de ce sentiment qui le séparait de ses camarades de route. Pour Kohn, c'est justement cette séparation qui engendre l'anxiété : "Symbolic thought run wild can create minds radically separate from the indexical grounding their bodies might otherwise provide. Our bodies, like all of life, are the product of semiosis (...). But symbolic thought run wild can make us experience "ourselves" as set apart from everything : our social contexts, the environments in which we live, and ultimately even our desires and dreams. We become displaced to such an extent that we come to question the indexical ties that would otherwise ground this special kind of symbolic thinking in "our" bodies, bodies that are themselves indexically grounded in the worlds beyond them : I think therefore I doubt that I am".
Ceci donne tout-à-fait raison à Z. quand, à propos de Bachelard, il définit l'être, non pas comme substance, mais à travers l'appartenance : "Être, c'est appartenir." Il y a quelque chose de très juste et de très profond dans cette idée. Sur ce plan, Kohn, dans le droit fil d'Abram, nous dit des choses passionnantes à travers de nombreuses références à Peirce, d'ailleurs.
Pour une fois, je mentionne les paroles du Bouddha que je viens de lire :
L’insensé pense avoir gagné une bataille
Quand il intimide par des mots durs,
Mais savoir être patient
apporte seul la victoire.
A méditer !
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