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mercredi 22 avril 2015

Titrer

Tous les matins —aujourd'hui, particulièrement tard, puisqu'il est déjà 7h20 à Lisbonne—quand je m'apprête à écrire sur ce blog, je me demande quel titre je vais donner à la page. Parfois, ce n'est pas évident du tout. Il m'arrive d'en changer en cours de route. C'est souvent un événement particulièrement saillant qui s'est produit la veille. Cela peut être le nom d'un auteur (celui que je suis en train de lire, ou un autre, quand je change de livre), d'un lieu, d'un événement, une couleur de ciel (celui de Lisbonne tel que je le vois par la fenêtre de mon bureau), une humeur, un personnage en visite, une idée, une disparition, un rêve... A l'instar d'un blogueur néerlandais dont Fred m'avait recommandé la lecture, depuis quelque temps je m'oblige à titrer d'un seul mot. Cela complique un peu. J'ai aussi éliminé la mention de la date, puisque le logiciel "Blogger" le fait pour moi. C'est assez facile de trouver des titres pour les rêves. Généralement, ils vont se référer à l'image que l'esprit a gardé en lui et qui, quand elle revient, permet d'amorcer le déroulement du rêve selon des séquences qui peuvent varier elles aussi : de la fin du rêve à ce qu'on se souvient de son début, ou l'inverse. L'inconscient ne connaît pas le temps. Mais justement, le rêve, ce n'est pas l'inconscient, c'est une manifestation de l'inconscient dans la conscience du dormeur. Quand on fait beaucoup de rêves la même nuit, on a l'embarras du choix. Cette nuit, j'ai l'impression d'avoir fait une demi douzaine de rêves. J'étais sûr de les retrouver au réveil. Mais voilà : quand je me suis mis à l'ordinateur, je me suis aperçu que Charlotte l'avait utilisé la veille et que son passage faisait en sorte que je n'avais plus accès à l'écriture de mon blog. Cela suscite une préoccupation énervée qui chasse les rêves. Le problème se saisit de votre esprit et la disponibilité qu'on pouvait avoir ressenti au réveil, s'évanouit d'un seul coup.

Aujourd'hui, mon titre est "Titrer". C'est un verbe que je n'ai pas encore examiné de près. C'est un verbe auquel je ne suis pas indifférent. J'ai toujours trouvé que mon père excellait dans le choix des titres pour ses romans : Assassin Hans, L'Homme au manteau vert-pomme, Les Joueurs de Mah-Jong, L'Assassin est un imbécile, Hier soir Atlantique Nord, Trois petits vieux, etc., etc. Il en a publié 80. Je crois les avoir tous lus, en tout cas tous ceux qui étaient disponibles. Ils ne m'ont pas convaincu. Mais, j'admire l'énergie et l'imagination dont il a témoigné pour inventer tellement d'histoires. Ferments est certainement l'un de ses romans les plus intéressants. Agence Deck et Cie m'avait beaucoup plus à l'époque mais je devais avoir 11 ou 12 ans quand je l'ai lu.

J'ai lu la conclusion des commentaires de Jean-Louis Le Touzet de Libération sur l'interview de Bachar al Assad par David Pujadas. La voici :
"Il y a deux ans, Bachar al-Assad était un dictateur assiégé. Aujourd’hui, grâce à ces interviews, le voilà relancé dans la voie d’une reconnaissance «et de sa légitimité» : «Le plan a marché car on ne parle que de cela depuis deux jours», souligne le chercheur. Ainsi, le but est parfaitement atteint." 
C'est exactement ce que je craignais avec Isabel : une dédiabolisation progressive du dictateur, grâce aux médias. L'important, apparemment, ce n'est pas ce qu'il dit. C'est peut-être pour cela qu'il ne dit rien. The medium is the message. MacLuhan avait raison, une fois de plus. Le chercheur dont parle Le Touzet et qu'il cite dans l'article est Thomas Pierret, Maître de Conférences à l'Université d'Edimbourg et spécialiste de l'Islam.

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