Avant hier, je concluais mon "post" en écrivant "tout est fini". Et hier, comme pour prendre à la lettre ce qui m'est sorti de l'esprit sans crier gare, je n'ai rien écrit sur ce blog. Je voulais y mettre un terme. Le nombre de mes lecteurs diminue. Je ne l'écris plus que dans l'esprit de Thierry L. : "une page par jour, quoiqu'il arrive".
Aujourd'hui, en me réveillant, je me suis dit "rien n'est fini" justement. Nous sommes constamment dans le non-fini, l'in-fini en prenant le préfixe "in" dans le sens qu'il a dans "in-discipline" ! Ceci dit, je ne peux que m'interroger sincèrement : je suis plutôt du genre (comme le dit si souvent ma fille, Charlotte !) ou plutôt, je suis plutôt genre (il faut sauter le "du" pour être "in") pas-fini, le maître de l'inachevé, l'incomplet par excellence, comme si cela me donnait une réserve de vie, quelque chose qui, lorsque ça viendra — de soi-même, évidemment — mettra un terme triomphal à tout ce qui se trouve en instance de clôture.
Comment mettre un point final à une entreprise quelconque. Je me souviens parfaitement bien de l'émotion que j'ai ressentie quand j'ai mis un point final à ma thèse sur la vulgarisation scientifique. C'était à York, à la fin de l'été 1973 (il y a maintenant 40 ans, très exactement), après deux mois d'explosion intellectuelle dans le capharnaüm de mon bureau à l'université. [C'est curieux ce mot "caphanaüm" qui fait référence à un petit village de pêcheur en Galilée et qui, en hébreu, signifie "village de la consolation".] Emotion intense tant je croyais ce terme impossible à atteindre (pendant toute la rédaction de ma thèse, j'entendais le refrain lancinant d'une chanson Nights In White Satin des Moody Blues qui contient cette phrase bien particulière : "never reaching the end" — ce qui était assez décourageant en fait ; c'était le bruit de fond de ma thèse qui me parvenait du bar des étudiants qui était juste en dessous de mon bureau).
Donc, finir, c'est un problème.
Rendons à César ce qui appartient à César !
RépondreSupprimer"Nulla dies sine linea" est une phrase pleine de bon sens de Pline l'Ancien. Elle est inscrite sur la cheminée de Zola à Médan.
Thierry L. ne fait donc que la reprendre à son compte, parce que, comme l'écrit je ne sais plus qui : "Verba volant, scripta manent".
Par ailleurs, l'écriture est un objectif qui nous détourne des mirages du pouvoir qui, comme chacun le sait à l'université et ailleurs, se jouent dans les réunions et l'entre-soi.
Nous ne sommes rien et le serons toujours plus. Alors autant nous concentrer sur le meilleur de nous-même.
Très bonne fin d'année, mon cher Baudouin !
TL