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vendredi 27 février 2015

La longueur des rêves

Certains rêves nous apparaissent au réveil comme ayant été très longs, avec de multiples épisodes, souvent complexes, presque impossibles à raconter. Ce fut le cas du rêve que j'ai fait cette nuit et qui était très marqué par le livre de Chalandon que je lis en ce moment. Je devais tenir un rôle sur une scène, un rôle qui m'imposait de mourir. Mon père et Mme W. étaient présents et j'ai l'impression que pour eux, il ne s'agissait pas de théâtre. Ils me préparaient à mourir réellement. Je ne tenais pas à ce rôle. Je leur disais que c'était la première fois que je montais sur une scène. Je ne connaissais pas très bien mon texte mais j'étais convaincu que je pourrais improviser de manière convenable.

Ce récit que je viens de faire du rêve de cette nuit n'exprime absolument pas le sentiment de longueur que j'évoquais. Alors que pour moi, le rêve devait avoir duré toute la nuit, il est clair que ça ne devait pas être le cas. Tout tournait autour de la mort et c'est là que je reconnais maintenant l'impact du livre de Chalandon sur la mise en scène d'Antigone d'Anouilh à Beyrouth au début des années 80. Certaines scènes du roman sont vraiment très prenantes. Beau livre en tout cas.

Je reviens un peu sur cette question de longueur des rêves. En réalité je pense que cette longueur est liée au souvenir que l'on peut avoir d'images oniriques très compliquées, quasi-impossibles à mettre en mots soit en raison de leur incongruité surréaliste soit en raison de l'importance qu'elles semblent avoir dans le déroulé du rêve, importance qui s'évanouit dans le souvenir que l'on en garde presque malgré soi. C'est vraiment très étrange.

Je viens d'apprendre par Martine la mort de l'abbé René Naegert, dit "le Pope" à Strasbourg, à l'âge de 90 ans. L'abbé Naegert a été mon professeur de 6e. La 6e bleue du Collège Saint Etienne. Avec lui, j'ai commencé à apprendre l'allemand. J'excellais d'ailleurs dans cette matière que mon père me fit abandonner en 4e au Lycée Fustel de Coulanges au profit de l'italien que je n'ai jamais véritablement parlé malgré les remarquables leçons de M. Ricklin, grand érudit de la culture et civilisation de l'Italie, qui m'a fait lire I Promessi Sposi de Manzoni et la Divine Comédie de Dante, en italien bien sûr. L'abbé Naegert est celui qui, alors que j'étais en 6e, m'a fait venir un jour dans son bureau pour me dire : "Je pense que dans votre famille, il ne peut pas ne pas y avoir un prêtre." Puis, me regardant droit dans les yeux — je me souviens de ce regard très bleu et fixe, aussi acéré qu'une flèche qui vous fait exploser les neurones — il me dit de façon assez solennelle : "... et je crois que Dieu t'a choisi." C'était en 1952. J'avais dix ans. Et lui 27. En classe, il nous racontait des histoires du front russe où il avait été envoyé en tant que "malgré-nous" par les autorités allemandes. C'est lui qui a présidé la cérémonie funèbre à la mort de mon frère Jean-Pierre il y a deux ans.

jeudi 26 février 2015

Paris avec Charlotte

Ce matin je me suis d'abord battu avec le téléphone pour activer ma carte SIM par internet. Ils vous disent qu'il faut mettre le numéro qui se trouve à l'envers de la carte envoyée. En fait, le numéro était apparemment incomplet, parce qu'il faut rajouter un suffixe qui se trouve ailleurs et dont ils ne disent rien. Bref, nous sommes allés dans un Free Center et un agent technique a réglé le problème en moins de 2. Maintenant, mon téléphone fonctionne avec une carte SIM 1 (Portugal) et SIM 2 (France). Il faudra que j'achète une SIM 3 (Luxembourg) et je serai prêt à faire tous mes voyages de manière un peu plus économique.

J'ai téléphoné à Eric qui me dit qu'il a mis un commentaire sur mon post d'hier mais il a dû faire une fausse manoeuvre car son texte s'est perdu. Pas de commentaires.

Je suis en train de lire Le Quatrième mur de Chalandon. Le récit de la mise en scène de l'Antigone d'Anouilh à Beyrouth au beau milieu de la guerre au début des années 80. Belle écriture en tout cas. Et récit passionnant. Tout-à-l'heure, j'irai faire un peu de shopping avec Charlotte. En fait, nous avons déjà commencé ce matin mais je me suis fatigué très vite.

mercredi 25 février 2015

Le savoir des oies

Voilà ! C'est notre dernier jour à Mersch. Charlotte semble avoir vraiment apprécié le Lycée Ermesinde en évoquant même un désir d'y venir l'an prochain. Elle serait alors en 3e et, malheureusement, à partir de la 3e le lycée Ermesinde ressemble beaucoup à tous les autres lycées.

La température est de plus en plus clémente. On dirait presque que le printemps est à nos portes. J'ai vu passer dans le ciel un grand V d'oies sauvages en route vers le Nord. "Un peu tôt !", me disait mon interlocuteur du moment. Tout en affirmant clairement qu'elles ne se trompaient jamais. Les oies sont plus sûres de leur fait que bien des humains. On dit que c'est l'instinct et en disant cela on localise ce savoir dans l'animal lui-même alors qu'il ne s'agit certainement pas de cela. Les oies partent à un moment donné des pays chauds parce qu'elles font partie d'un tout dont les éléments sont en inter-connection permanente. L'instinct des oies, c'est un ensemble coordonné d'indices multiples qui s'auto-organisent spontanément pour définir le mouvement de ces animaux magnifiques. Font partie de cet "instinct" le vent, la pression de l'air, la température, l'état de la végétation, les nuages, l'état de leurs propres organismes, etc... Il faudrait relire Rupert Sheldrake sur ces mystères associés au fonctionnement du monde.

mardi 24 février 2015

Erotisme léger

Cette nuit un beau rêve légèrement érotique. J'avais une belle moto, Honda 750, de couleur verte, un vert sombre, que j'avais garée sur le bord d'un chemin de halage. Quand je la retrouve, elle est bloquée par la police et je dois trouver un autre moyen pour me déplacer. D. est avec moi. Quand je reviens vers la moto, un habitant du voisinage avait payé pour débloquer la moto. Je le remercie et enfourche l'engin. D. se met sur le siège arrière. Elle est en jupe "années 60", large, accueillante. Je conduis d'une seule main, la main droite, tandis que la gauche se ballade sur la jambe gauche de D., remontant doucement vers d'autres courbes érogènes. La région humide de son sexe. Je sens les seins de D. contre mon dos. C'est très agréable.

A part cette apparition du rêve, ma nuit a été très tourmentée par la toux. Avec réveils fréquents. Et secousses brutales. Mais j'ai quand même l'impression d'un mieux. J'espère que ma prochaine nuit sera plus sereine.

Hier soir j'ai lu Siddhartha de Herman Hesse et il me semble bien possible que ce soit la description des rapports amoureux entre Siddhartha et Kamala, la courtisane, qui m'ait inspiré le rêve de cette nuit.




lundi 23 février 2015

La neige et le sable

Je me suis réveillé ce matin et les toits du village en face de la fenêtre de ma chambre étaient tout blancs. Le jour n'est pas encore complètement levé. Charlotte, dans la chambre à côté, semble avoir passé une bonne nuit. Moi, par contre, j'ai été très perturbé par une toux persistante, insistante, encombrante, qui ne voulait pas me lâcher et qui, à intervalles plus ou moins réguliers, me secouait tout entier comme pour me narguer : "Tu pensais pouvoir dormir un peu ! Tu pensais avoir toussé si fort que tu en serais quitte pour quelque temps et fabriquer quelques rêves ! Un répit ? Et bien non ! Tu vois, je suis là pour te secouer encore et encore."

Je viens de regarder le court-métrage référencé par la Check-list du Monde d'aujourd'hui. Saisissant. Le titre : Confusion Through Sand. Voici l'URL qui permet de le visionner :
http://www.theatlantic.com/video/index/385407/the-horror-of-war-captured-in-a-hand-drawn-cartoon/
Je le recommande vivement aux lecteurs de ce blog.

dimanche 22 février 2015

Bronchite(s)

Charlotte avait 38 et demi ce matin et j'ai fait venir un médecin qui a diagnostiqué une bronchite. Elle a passé la moitié de la nuit avec moi. Elle était brûlante de fièvre et je lui ai donné un Doliprane. Maintenant, ça va un peu mieux mais je me suis demandé si je n'allais pas annuler le voyage à Luxembourg et rentrer tout de suite à Lisbonne. Finalement, je vais quand même aller à Luxembourg avec elle. Moi-même, je ne suis pas en très grande forme car j'ai l'impression d'avoir les mêmes symptômes que Charlotte : toux, glaires, nez encombré, etc... J'espère que tout ira mieux très rapidement avec le traitement que le médecin nous a prescrit (sirop + antibiotiques).

Nous avons pris le train pour Luxembourg après avoir acheté un bento de sushi et sashimi, délicieux ! Nous sommes maintenant tous les deux dans l'internat du Lycée Ermesinde. La chambre de Charlotte est juste à côté de la mienne. On communiquera, si besoin est, en tapant sur le mur mitoyen. Nous avons fait un essai et on s'entend parfaitement.

Je viens de terminer également le roman de Nancy Bush, Nowhere to Run que j'avais acheté sur Kindle. Pas mal !

samedi 21 février 2015

21 février : Retour à Paris

Ce matin, quand je me suis réveillé, je n'ai vu par la fenêtre qu'un grand voile gris au lieu des flancs de cette vache normande qui m'a accompagné pendant tout mon séjour à Flaine. C'était prévu. Il neige. Mais nous partons. A 10 heures, nous avons rendu les clés, les draps et vidé les poubelles après avoir nettoyé l'appartement. 
Nous avons pris le bus de Flaine à Cluses à 10h45 et j'ai essayé de changer mes billets pour prendre un train plus tôt, mais cela m'aurait coûté beaucoup plus. Donc j'ai gardé nos billets. Nous sommes retournés au restaurant que nous connaissons bien le "8 mai 45" : excellente cuisine faite maison mais pas de wifi. 

Je n'ai rien dit de la fin du roman Dissolution que j'ai terminé avant hier. Ce roman m'a appris beaucoup de choses sur le temps de la réforme en Angleterre sous Henry VIII et sur la manière dont les abbayes du pays ont été démantelées et, très souvent, rasées au profit de l'Eglise d'Angleterre. Période passionnante et très bien décrite par l'auteur de ce roman qui n'est pas vraiment un roman policier. Enfin ! C'est à discuter. Je reviendrai sans doute là-dessus ultérieurement.

vendredi 20 février 2015

Non-ski


Dernier jour de non-ski pour moi.  Charlotte est partie ce matin faire du ski, mais elle est revenue assez vite. Elle ne se sentait pas bien et je crains qu’elle n’ait attrapé le virus de Joacquim qui m’a aussi colonisé.

Demain, retour à Paris et après-demain : Luxembourg.

jeudi 19 février 2015

19 février : Léthargie

C’est dès 9 heures du soir que ces bouts de lumière que je comparais à des lucioles d’hiver se lancent à l’assaut des flancs de cette immense vache normande, la montagne, pour la parcourir de long en large afin d’y tracer des pistes de ski bien damées.  Les machines ont travaillé toute la nuit dans une espèce de ronronnement sourd, lointain.
Elles sont nombreuses à sillonner les grandes taches noires et banches de la forêt et de la neige.

Je ne suis presque pas sorti de l’appartement hier. Je ne me sentais vraiment pas bien. Et je n’avais même pas envie de sortir ou même de prendre un téléphérique pour aller voir ces sommets dont la beauté, surtout par beau temps, est saisissante. Je ressentais une sorte de léthargie paresseuse analogue sans doute à celle qui envahissait les nouveaux arrivants au sanatorium de la montagne magique. Rester allongé, contempler ces paysages de neige, bien remonter la couverture jusqu’au cou, prendre régulièrement quelque sirop ou comprimé, cela pourrait durer éternellement comme nous le suggérait Thomas Mann. Et cela dure en effet.


L’écriture du blog me soutient.

mercredi 18 février 2015

Escortable ?

Malade comme un chien, oui ! Nez, gorge, oreilles, poumons s’entendent à merveille pour recevoir les microbes et leur faire une place de choix dans mon corps. Pourtant ma nuit a été bien meilleure que celle d’hier. 

En effet, hier après-midi alors que je venais de rentrer avec des courses, j’entends frapper à la porte. « —Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je, intrigué par une telle visite dont je n’imaginais absolument pas la nature : voisins, gendarmes, représentants de marque, agence de location, que sais-je ? Derrière la porte j’entends de vagues grognements humains. J’ouvre, bien entendu, et je vois deux hommes venus me livrer un nouveau lit à deux places pour le salon, afin de remplacer la mauvaise couche que j’utilisais jusque là.  J’ai en effet beaucoup mieux dormi aujourd’hui, me réveillant quand même toutes les heures, ce qui me permettait de renouveler les prises de médicament.

La personne qui m’a installé le lit était très ouverte et, pendant qu’il travaillait, il m’a raconté sa vie . Il avait été gendarme pendant 19 ans. C’était un motard , l’un de ces motards que l’on voit défiler sur les Champs Elysées, à la tête de sa compagnie dont le boulot était d’escorter les personnalités. Il y a quelques années, il avait été désigné pour escorter Edouard Balladur. Il était à la tête du V composé de huit motards, quatre de chaque côté, roulant à 130-140 km/h. Tout à coup, ils se trouvent à proximité d’un bus qui, sans doute, fait une fausse manoeuvre. C’est l’accident. Mon motard passe sous le bus avec sa moto. Heureusement il glisse entre les roues et se retrouve plus loin sans la moindre égratignure mais durablement choqué par l’événement. Il sera dans le coma pendant plusieurs jours. En tout cas, le voilà pensionné à 39 ans, car il n’a pas pu continuer son travail de gendarme d’escorte.  Maintenant, il installe du mobilier dans des appartements de touristes.

Quand il est entré dans l’appartement, l’homme m’avait regardé avec insistance, disant : « Je vous ai déjà vu quelque part ! N’êtes-vous pas passé à la télé ? » Mes souvenirs de télé avec Jean Bricmont  n’étaient pas glorieux. Mais non ! ce n’était pas ça. Bref, j’avais la tête d’une personnalité escortable, « genre » Balladur.  Je n’ai pas pris ça pour un compliment évidemment.

mardi 17 février 2015

17 février : Les lucioles de l'hiver

Toujours pas de ski pour moi. Pourtant, je me réveille tôt. Mais avec des courbatures et cette épaule ankylosée qui m’empêche d’être totalement libre de mes mouvements. Je reprendrai sans doute un Ibuprofène ce matin, ne fut-ce que pour pouvoir m’activer dans la cuisine.

Entre 4h30 et 6h30, je vois des lumières blanches bouger doucement sur les flancs de la montagne juste en face de notre immeuble, comme des lucioles un soir d’été.  Si je tends l’oreille, j’entends leur ronronnement de bulldozers. Ils préparent les pistes qui seront assaillies par les touristes dès 8 heures. Mais pour l’instant tout est très calme.

Hier soir nous avons joué à un jeu : Dixit, que je ne connaissais pas. C’est un jeu qui fait appel à notre imagination mais non sans qu’elle ne soit légèrement bridée par la prise en compte de l’imagination des autres joueurs.  Il y avait  six équipes. Les cartes qui offrent leur support à ce jeu de confrontation des imaginaires de chacun sont esthétiquement très réussies. C’est un jeu qui fait vibrer notre fibre surréaliste.


Je poursuis la lecture du roman de C.J. Samson, qui ressemble de plus en plus au Nom de la Rose d’Eco. C’est intéressant mais l’enquête menée par Shaldrake me semble un peu trop prédictible.

lundi 16 février 2015

Grammaire de blog

Je ne suis pas monté sur des skis hier et je ne pense pas que je vais le faire aujourd’hui. Ma périarthrite ne s’améliore pas. Je vais prendre un Ibuprofène ce matin.
 Cette nuit, j’ai rêvé de mon blog. Je me disais qu’il s’agissait là d’un genre littéraire à part entière, ce qui, j’en suis sûr, est vraisemblablement déjà acquis du côté de tous les spécialistes de la question. Et sans doute, y a-t-il des règles de genre qui se sont peu à peu définies implicitement pour définir le genre justement par opposition ou contraste avec tout ce qui pourrait y ressembler : journal intime, essai, journalisme, etc.
Le rythme temporel des articles du blog doit compter beaucoup. J’ai l’impression que peu de blogs sont quotidiens. Personnellement je m’efforce d’écrire chaque jour, même quand j’ai très peu de choses à dire, ce qui devrait être exclu de toute bonne grammaire de blog.

J’écris en face des montagnes qui se découpent sur fond d’un ciel qui promet une très belle journée. Il fera certainement assez froid également.

Je n’ai pas encore vu Charlotte sur ses skis. Mais elle est bien équipée. Elle a déjà pris de très belles couleurs. On dirait que tout le monde dort encore. Joaquim est venu me demander de l’eau mais il est retourné assez vite dans son lit. Pourtant il est déjà 7h45. Et j’entends les premières paroles humaines monter de la rue, légèrement étouffées par cet environnement plein de neige. 


J’ai commencé la lecture de Dissolution, de C.J. Sansom. C’est un roman qui décrit une enquête dans des monastères en Angleterre au début du XVIe siècle. Cela fait penser au roman d’Umberto Eco, Le nom de la rose, en moins intellectualisé comme le dit Fabien. Il met en scène un homme de loi, bossu et conseiller de Cromwell, envoyé dans un monastère pour élucider un crime.