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vendredi 4 mai 2018

Zafòn

J'ai interrompu ma lecture du livre de Wade Davis pour honorer le cadeau que je venais de recevoir de FZ et que j'ai reçu hier : L'Ombre du vent par Carlos Ruiz Zafòn (Robert Laffont, 2002, traduit par François Maspero), un auteur espagnol de Barcelone qui raconte l'histoire d'un auteur quasiment inconnu dont un homme mystérieux veut anéantir l'œuvre en en brûlant les éléments juqu'au dernier. Je ne connaissais pas du tout cet auteur qui a pourtant plusieurs romans à son actif. Il faudra que je demande à Claude si elle le connait et ce qu'elle en pense. Ce qui me frappe, c'est l'absence de justesse dans les métaphores dont il émaille son récit. Il y a comme une maladresse déconcertante dans leur usage, mais c'est peut-être lié à la traduction ??? Ceci dit, on est quand même vite accroché aux événements qu'il raconte, aux lieux qu'il nous fait visiter à Barcelone, avec ce magnifique tram bleu qui apparaît de temps en temps dans le récit, aux personnages qu'il nous présente bien que ceux-ci manquent parfois d'épaisseur psychique. 

À ce propos, quand on fait défiler sur Google les images associées à cet auteur, on a évidemment beaucoup de représentations de librairies ou de bibliothèques fantastiques avec des piles de bouquins qui vont du sol au plafond, des étagères débordantes, des murs qui disparaissent derrière des rangées de livres qui se superposent indéfiniment. Le Livre (et l'écriture) fait l'objet d'un véritable culte, comme le montre, par exemple la citation ci-jointe de Maupassant que ma nièce Caroline a publié sur Facebook et avec laquelle je ne suis absolument pas d'accord. Pour moi, l'écriture est beaucoup plus trompeuse que la parole. Si l'écriture "pénètre" les gens, c'est à la manière d'une arme tranchante, d'un instrument chirurgical, souvent dévastateur. Quand Maupassant écrit que "les mots sur le papier blanc, c'est l'âme toute nue", n'est-ce pas effrayant ?  L'âme, c'est justement ce qui "habille" le corps, ce qui l'anime. Il y a quelque chose de monstrueux à parler d'une "âme toute nue". Ceci me fait penser à cette définition que Robert Musil donne de l'âme dans L'homme sans qualités : "Elle [Diotime] lisait beaucoup dans ses souffrances et découvrit qu'elle avait perdu quelque chose dont elle ne s'était pas souciée jusqu'alors : son âme. Qu'est-ce qu'une âme ? Il est facile de la définir négativement : c'est très exactement cela en nous qui se rétracte quand nous entendons parler de séries algébriques." Tome 1, p. 161.

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