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lundi 30 novembre 2015

Badiou

Hier soir, avant de me coucher, j'ai écouté la conférence d'Alain Badiou "Penser les meurtres de masse" dont on peut retrouver la vidéo à cette adresse :
http://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/alain-badiou-penser-les-meurtres-de-masse
J'ai apprécié qu'il parte de la nécessité d'une mise à distance de l'affect pour penser les événements. Il y a eu ensuite son analyse de la situation mondiale, sa dénonciation des injustices et des inégalités associées au triomphe du capitalisme, son examen du statut actuel de la classe moyenne et le rôle qu'elle pourrait jouer dans l'avenir... Je suis moins convaincu par la nécessité de "penser international" comme les 10% de la population mondiale qui détiennent 46% des ressources de la planète. J'ai l'impression que l'on ne sera jamais aussi bon qu'eux dans cette dimension. Pour moi, l'urgence ce serait plutôt de revenir au "local", de porter toute notre attention à ce qui se passe tout près de nous. Il ne s'agit pas de revenir au village mais plutôt d'être attentif à nos voisins les plus immédiats, ceux qui sont déjà dans notre monde et que souvent nous ignorons complètement.
Mais je suis d'accord avec lui sur le dépérissement de l'Etat, sur le visage de ce nouveau fascisme qui s'annonce et qui n'a pas grand chose de religieux évidemment, et sur le diagnostic qui évalue que 50% de cette population mondiale, soit environ deux milliards d'êtres humains, ce nouveau "prolétariat nomade" comme il l'appelle, ceux qui n'ont rien et qui constituent une masse humaine jugée superflue, sans travail, et sans possibilité de travail dans l'état actuel du monde, bref toute une part de l'humanité dont on ne sait que faire, se trouve dans une situation impossible.
Pour lui, l'espoir d'une solution réside dans le communisme, pas celui que Staline nous a servi en URSS, mais un communisme qui renouerait avec l'idéal marxiste d'un véritable partage du travail, qui nous ferait travailler 20 heures par semaine plutôt que 40 actuellement.
Il s'agit là des points que j'ai retenus mais la conférence dure deux heures, ce qui veut dire que je ne rends pas tout-à-fait justice aux détails de son argumentation.

C'est le 600ème article —je reprends ici le terme de Google mais ce ne sont pas à proprement parler des "articles"—de ce blog. Essayons d'aller jusqu'à 1000.

Enfin, je ne résiste pas à citer le billet d'Hervé Le Tellier dans la "Checklist" du monde d'aujourd'hui :


"Etiquetage européen des produits issus des colonies : Israël "suspend le rôle de l'UE" dans le processus de paix avec les Palestiniens. Décision stupéfiante : elle laisse entendre qu'il y avait bien un processus de paix."

dimanche 29 novembre 2015

Lyon

Je prends le train ce matin pour aller de Luxembourg à Lyon avec une étape parisienne qui risque d'être compliquée avec cette COP 21 qui rend notre gouvernement si hystérique que je crains fort qu'en me promenant avec une valise dans le métro, je ne me fasse arrêter souvent. Mais avant de pouvoir écrire ces trois lignes il a fallu que je passe plus d'une demi-heure à renouveler mes mots de passe "Google-Chrome", tout ça parce que Charlotte s'était mise comme utilisateur de mon ordi. Bon je suis encore assez maladroit avec ces machines malgré l'usage intensif que j'en fais, mais j'oublie les procédures quand je n'ai pas à m'en servir pendant longtemps, ce qui était le cas.

Hier, Charlotte et moi sommes allés à LuxExpo au Kirchberg à Luxembourg où nous avons pu faire faire le tour du monde à nos estomacs, goûtant ici un petit hors d'oeuvre d'Azerbaïdjan, là une barquette de riz-poulet du Burundi, plus loin un plat plus consistant de cuisine coréenne, plus loin encore, quelques gâteries turques bien sucrées, pour revenir, après être passé par l'Argentine, le Chili et l'Australie, au Portugal où j'ai pu boire un délicieux café bien serré.

Grande discussion le soir avec Charlotte et Jeannot sur ce qui l'intéresse vraiment. Difficile de faire en sorte qu'elle puisse s'exprimer de façon décontractée et réfléchie.


* * *

Je suis arrivé à Lyon. Je me suis tout de suite rendu à l'Hôtel du Théâtre où je me suis mis à travailler.

samedi 28 novembre 2015

Rassemblements

C'est de la planète entière qu'il s'agit. Les rassemblements vont se multiplier dans toutes les villes du monde, excepté Paris, qui, pour des raisons difficiles à saisir, restera en retrait. Sans doute parce que Paris rassemblent tous les chefs d'Etat qui vont eux-mêmes rassembler leurs idées pour "faire face à Gaya". Hum ! Je ne suis pas rassuré par l'unanimisme des pouvoirs. Pendant ce temps, à Luxembourg, j'aiderai Jeannot à déménager la bibliothèque d'un curé dont il a hérité.

C'est vrai que ce sont les monothéismes qui apparemment sont le plus enclins à promouvoir les fanatismes, comme me le fait remarquer Fred dans le petit commentaire qu'il m'a envoyé hier. Il faudra revenir sur ce sujet.

Mais en attendant, je veux également évoquer l'article de David Graeber dans la revue HAU que j'ai lu hier sous le conseil de Sasha. Il s'agit d'une réponse aux critiques de Viveiros de Castro qui accuse Graeber des mêmes naïvetés ethnographiques qu'Evans-Pritchard quand ce dernier a étudié la sorcellerie chez les Azandé — "Witches, as the Azande conceive them cannot exist"— et qu'il prenait très à la légère la supposée efficacité de leurs pratiques. Le débat oppose les OTers, c'est à dire les partisans de l'ontological turn en anthropologie qui, en radicalisant l'altérité qu'ils confrontent sur leurs terrains, tombent dans le piège d'un relativisme ontologique absolu. (Je sais qu'il s'agit là d'un oxymore étrange : comment le relativisme pourrait-il être "absolu" ?) En soulignant le fait que la réalité recèlera toujours une part d'impossible à connaître, Graeber souligne que cela vaut autant pour nous que pour ses interlocuteurs Malagasy de Madagascar, d'où leur scepticisme (analogue à celui de l'anthropologue qui les observe) sur les exploits de leurs propres sorciers.
En tout cas il s'agit d'un très bel article qu'il faudrait traduire et publier en français. Je me porte volontaire.
realist ontology, combined with broad theoretical relativism, is a more compelling political
position than the “ontological anarchy” and theoretical intolerance of ontological turn
exponents.

vendredi 27 novembre 2015

Religions

Au cours d'un bref échange sur Skype avec Fabien, nous avons parlé de Daech et il me fit cette remarque que "les religions, c'est vraiment une catastrophe", des catastrophes car elles provoquent toutes les mêmes désastres. Elles rendent les humains aveugles à ce qu'ils font dans le monde, elles font vivre les gens dans leur tête plutôt qu'au sein de leur famille, à l'école, dans leur quartier. Elles se présentent comme des solutions aux crises de l'adolescence alors qu'elles ne font que sublimer ces crises pour que l'on puisse continuer à les vivre sans tous les problèmes qui vont avec. Elles retirent les gens du monde pour les enfermer dans la cage de leur propre esprit avec tout un voisinage enchanté : Dieu, les anges, les 70 vierges de l'Islam, nos propres morts que nous sommes sensés retrouver au ciel, etc. Décidément, Marx avait raison : la religion est l'opium du peuple. Il ne se rendait pas compte que ses propres textes allaient aussi être à la base d'une idéologie susceptible de fonctionner comme une religion ce qui a rendu sa doctrine aussi détestable que les autres. Les religions peuvent rendre les gens complètement fous, sourds et aveugles à toute humanité. Il suffit de penser aux guerres qu'elles engendrent périodiquement pour s'en convaincre.

Lire ce que les djihadistes de Raqqa ont fait à une jeune Autrichienne qui tentait de leur échapper :
http://www.planet.fr/international-legerie-de-daech-aurait-ete-battue-a-mort-en-tentant-de-senfuir.972843.29335.html?xtor=ES-1-958768[Planet-a-la-Une]-20151127

En fait il faudrait travailler sur ce phénomène de radicalisation si l'on voulait vraiment éradiquer le potentiel de violence qu'il génère. 

jeudi 26 novembre 2015

Jef Klak

J'ai vu Charlotte ce matin à 8h moins deux, traverser seule l'espace qui sépare l'internat du lycée. Elle marchait tranquillement, toujours avec son sac Vanessa Bruneau à son bras gauche. Elle ne savait pas que je la voyais de la fenêtre de la salle où je prends mon petit-déjeuner. Elle paraissait tranquille. Je la verrai sans doute à midi, peut-être à 9h40 après son premier cours.

Un rêve cette nuit. J'avais organisé un séminaire sur ma terrasse, une terrasse en bois par où on accédait avec une échelle. Une jeune maman avec son bébé tout frêle monte l'échelle et je réussis à prendre son bébé que j'allonge sur le plancher en bois de la terrasse. On est autour de lui. Il ne réagit pas. Serait-il sourd ? Isabelle Stengers est contente de participer à ce séminaire.

J'ai lu plusieurs articles des deux premiers numéros de la revue Jef Klak, "Marabout" et "Bout d'ficelle". J'apprécie le style, l'humour et quelque chose qui respire l'authenticité dans la démarche de ce collectif auquel participe Judith. Je vous dis qui est Jef Klak à partir de sa présentation dans le deuxième numéro : "Jef Klak, d'origine flamande, c'est l'homme de la rue : Fulano de Tal en espagnol, Marko Markovic en bosnien, madame Michu, Momo ou monsieur Dupont en Hexagone. Jef Klak, c'est un collectif, une revue papier et un disque de création sonore mais aussi deux autres projets éditoriaux avec des contenus spécifiques ; un site internet <jef.klak.org> et un journal mural (bientôt dans votre rue)."


mercredi 25 novembre 2015

4 heures

C'est un cauchemar qui m'a réveillé à 4 heures du matin. Mon père avait décidé de me casser les dents (entre autres). J'ai voulu contourner ce qui m'apparaissait comme un site menaçant où se trouvait mon père justement. Je suis passé par une immense place rectangulaire, la place USHLES, dans une ville russe, qui était vide et toute noire avec des grilles très hautes peintes en noir également. Je longe les murs et je me retrouve enfin sur le site où se trouvaient alignés des paquets de fiches, celles que j'ai constituées pendant mes études. Certains fichiers sont écartés par mon père qui, brusquement, se rue sur moi pour me casser les dents et les reins. Je n'ai pas pu me rendormir. Et j'ai été préoccupé pendant tout le reste de la nuit.

Le matin, j'ai vu Charlotte et j'ai pu parler avec elle.

Elle remet en question son expérience luxembourgeoise mais elle est également trop préoccupée par sa réintégration en Seconde au Lycée Français de Lisbonne. Ce qui fait qu'elle ne profite pas vraiment des possibilités qui lui sont offertes à Luxembourg.

mardi 24 novembre 2015

Nietzsche

J'ai terminé le livre de Yalom hier pendant la nuit et l'ensemble est très intéressant en effet, comme me l'avait dit mon ex-belle soeur. Ces relations entre Breuer et Nietzsche n'ont jamais existé. Ils ne se sont jamais rencontrés mais comme l'attestent les données historiques en appendice, cela aurait pu avoir lieu d'une façon qui rend le livre assez passionnant en mettant en parallèle le désespoir de deux hommes ayant vécu au cours de la même époque : deux désespoirs de nature différente sans doute mais qui s'affrontent, se combattent et se guérissent mutuellement en mettant en scène les causes profondes de chacun d'eux, Bertha Pappenheim, côté Breuer sous le pseudonyme d'Anna O. et Lou Andreas Salomé, côté Nietzsche. Je n'étais pas très convaincu au début tant la vérité historique me semblait déformée et mise au service d'une fiction dont je ne voyais pas très bien où elle pouvait nous mener. Mais les derniers chapitres nous convainquent de l'intérêt de la fiction elle-même en nous faisant assister à ce qu'aurait pu être une proto-psychanalyse d'inspiration nietzschéenne.

J'ai retrouvé Charlotte hier soir et nous sommes allés manger des sushis dans un restaurant japonais en ville. Nous sommes passés près de la patinoire où il n'y avait pas encore grand monde mais Charlotte a exprimé le désir d'aller faire quelques exercices. En quelques minutes, elle avait fait la connaissance de trois femmes originaires de Mongolie, de deux Irakiens, d'un groupe d'Italiens,
etc. Elle a un véritable don pour faire connaissance avec les gens qu'elle rencontre partout. J'étais assez admiratif, même si j'étais en train de geler sur place. J'ai eu très froid. Nous sommes rentrés à l'internat en train mais ce fut une belle soirée, malgré le froid.

lundi 23 novembre 2015

Boormann

J'ai vu hier sur Arte La Forêt d'émeraude de John Boormann, un film qui retrace l'histoire de l'enlèvement d'un petit américain par la tribu des Invisibles au coeur de la forêt amazonienne. L'enfant grandi et est élevé par la tribu. Il considère le chef de cette tribu comme son père. Il chasse, il pèche, il épouse une jeune fille de la communauté... Au bout de dix ans, son 'vrai" père finit par le retrouver dans des circonstances particulièrement dramatiques. L'enfant, qui est maintenant un beau jeune homme, refuse de le suivre pour revenir dans sa société d'origine. Il reverra brièvement sa mère mais restera avec ce qui est devenu sa communauté.

Il est possible que le témoignage recueilli par Frank Bruce Lamb de Manuel Cordova-Rios et qui a été publié sous le titre Un Sorcier dans la forêt du Pérou (Editions du Rocher, 1996 pour la traduction française) soit à l'origine de l'inspiration de ce film mais c'est peu probable. Celui qui deviendra le sorcier des Huni Kuis du Pérou, avait environ 20 ans quand il a été enlevé. Et, il n'y a pas cette histoire invraisemblable de barrage que le père fait sauter à la dynamite pour rendre le fleuve à son fils devenu membre de la société des Invisibles.

Le film de Boormann n'est pas mal : il y a de très belles images de la forêt et l'histoire de cet enlèvement est tout-à-fait vraisemblable. Il a d'ailleurs obtenu plusieurs prix. Mais beaucoup de détails sont trop marqués par les nécessités d'une compréhension très occidentale des choses. En fait, le film est inspiré d'une histoire vraie qui s'est déroulée sur le chantier du barrage de Tucurui au Brésil.

Aujourd'hui, je m'envole pour Luxembourg. Je vais retrouver Charlotte. Je me réjouis. Elle m'a téléphoné ce matin à 7h pour me dire avec ravissement : "Papa, il y a du givre sur les carreaux !" Magnifique, n'est-ce pas ? ai-je répondu.

dimanche 22 novembre 2015

Hiver

Hier soir, un vent glacial soufflait sur le Campo d'Ourique et Charlotte, de Luxembourg au téléphone avec Isabel, s'exclame avec manifestement beaucoup de plaisir : "Maman ! Il neige !" Voilà : enfin l'hiver. J'aime cette froideur de l'air qui nous rappelle l'apparition de l'hiver. Au Portugal, l'hiver se réduit à une portion congrue. Il ne gèle jamais à Lisbonne. Pourtant il y fait froid mais généralement, il s'agit d'un froid humide difficile à gérer. Il se trouve cependant que ce matin, le soleil brille mais le vent du Nord doit nous apporter quelque fraîcheur.

En prévision de mon intervention à la Fondation Gulbenkian, je relisais certains passages de La parole des choses de Pierre Laszlo (Hermann, Paris, 1993), notamment son introduction où il compare la table de Mendeleiev, qui recense les atomes de l'univers, à un alphabet. "Linguistique et chimie, écrit-il, s'accordent dans l'exploration réglée de la productivité d'une combinatoire. Le nombre des éléments disponibles est restreint : quelques dizaines de phonèmes dans des langues telles que le français ou le japonais, une centaine d'éléments chimiques dans le tableau de Mendeleiev." (p.9) Le monde serait écrit en lettres atomiques. Mais où sont les espaces blancs ? Est-ce la venue de l'hiver qui m'y fait penser ?

samedi 21 novembre 2015

Universel ?

On a beaucoup entendu ces derniers temps, ou lu dans les médias, une référence à l'universel : nos valeurs, a dit sans doute cet idiot de David Pujadas, sont des valeurs universelles. Dire cela dans un contexte de "guerre" me semble complètement paradoxal, car si l'on est en guerre, c'est bien parce qu'il y a des gens qui ne partagent pas nos valeurs et que donc, dire de celles-ci qu'elles sont "universelles", se trouve immédiatement démenti par nos actes de guerre. En outre, cette prétention à l'universalité rajoute-t-elle quelque chose de plus à ces valeurs sinon qu'elles en deviennent bien prétentieuses, justement. Pourquoi voulons-nous que nos valeurs soient universelles ? Et d'ailleurs, qu'est-ce que cela veut dire exactement ? Seraient-ce des valeurs susceptibles de valoir pour tout être humain : homme, femme, enfant, blanc, jaune, noir, métis, riche, pauvre, croyant, non-croyant, nu, habillé, neurasthénique, bipolaire, schizophrène, cancéreux, syphilitique, rachitique, hydrocéphale, vieillard, adolescent, adolescente, gangster, curé, pasteur, djihadiste, terroriste, militaire, adjudant, général insomniaque... voire pour tout être vivant en y incluant tous les animaux de l'arche de Noé ainsi que tous ceux qui furent oubliés et qui survécurent quand même au déluge ?
Je pense que nos valeurs n'ont absolument pas besoin de cette touche d'universalité bien pensante, catholique et souvent très hypocrite pour valoir quelque chose. Au contraire, j'ai l'impression qu'elles se brouillent dans l'universel, qu'elles s'affadissent. Comme l'aurait dit Feyerabend, elles se déshumanisent pour s'ouvrir à une utilisation abusive. Il y a quelque chose de monstrueux dans l'universel. Relisons les fragments de Xénophane.

vendredi 20 novembre 2015

Sans titre

J'ai rarement vu un ciel aussi bleu, aussi dégagé de tout pli à part la bordure que lui brodent les grues de Lisbonne dans le lointain. Elles sont nombreuses comme des bouts de dentelle qui pendouillent au bord de l'horizon.

Je rectifie l'information que j'ai donnée sur l'auteur de l'article que j'ai signalé hier. Fred me fait remarquer que van Reybrouck n'est ni historien, ni néerlandais. C'est un Belge. Mais je n'en apprécie pas moins ses remarques critiques sur l'attitude de notre président à la suite des attentats.

Mon poulet au citron fut jugé délicieux par nos deux invitées, Claude Murcia, l'éditrice du livre sur Juan Benet et Bli, une amie d'Isabel, de passage à Lisbonne avant de reprendre le train pour Guarda où, paraît-il, il commence à faire froid. Guarda est à 900 m d'altitude et ils ont parfois de la neige. C'est un endroit magnifique. Le matin, on ressent aussi beaucoup de fraîcheur ici et cela fait du bien.

Hier après-midi, en travaillant sur mon intervention à Paris le 2 décembre, j'ai trouvé un nouvel argument pour montrer l'espèce de parenté étrange qu'il peut y avoir entre le fonctionnement de l'oralité primaire tel que Walter Ong a pu l'imaginer dans son livre Orality and Literacy, maintenant traduit en français, et le fonctionnement de l'écriture scientifique. A suivre.

jeudi 19 novembre 2015

Trop...

...beaucoup trop. Les médias n'informent plus, ils nous noient dans cette espèce de bouillie d'images et de paroles à laquelle il est difficile d'échapper. Trop d'informations tuent l'information. Pourquoi est-ce si difficile de respecter la mesure, de garder une certaine réserve face au public ? Comme le disait Alexandre Imbert dans son éditorial d'Alternative Santé : "A trop forte dose, tout est poison."
Le farmakon de Platon.

Aujourd'hui nous recevons Claude Murcia. Elle vient de Porto. Juste auparavant j'aurai déjeuné avec Z., comme tous les jeudis. Je ne finirai sans doute pas Et Nietzsche a pleuré de Yalom aujourd'hui. C'est un livre intéressant mais un peu long.

Par ailleurs, je viens de lire une excellente analyse critique par l'historien néerlandais David van Reybrouck, du "discours de guerre" prononcé par le président Hollande et qui a été publiée par Le Monde.
A lire ici :
http://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/16/monsieur-le-president-vous-etes-tombe-dans-le-piege_4810996_3212.html

mercredi 18 novembre 2015

Mr Staggering

C'était son nom. Il présentait une thèse et je faisais partie du jury. La thèse était censée porter sur Abraham A. Moles et c'est pour cette raison que je faisais partie du jury, ayant été son assistant à Strasbourg pendant un an. En réalité son nom oscillait entre "staggering" et "stuttering". Ce candidat avait le nez de Cyrano de Bergerac. Il n'était pas très sûr de lui. Comme il n'y avait pas assez de chaises autour de la table du jury, je me suis assis sur un tabouret un peu à l'écart. Courtial était je crois le président. Je n'avais strictement rien à dire sur cette thèse incompréhensible et mal foutue. Tout cela se passait dans une sorte de grand hall public où les gens passaient sans faire attention à ce qui se passait.


Hier soir, sur Arte, j'ai pu voir le documentaire de Stan Neumann réalisé d'après le roman Austerlitz de Sebald avec Denis Lavant. J'ai trouvé ce film remarquable par la fidélité et l'authenticité avec laquelle son auteur parle de ce roman magnifique. Sebald avait lui-même inséré quelques images entre les lignes de son texte (dont celle que je reproduis ici) et c'est bien autour de ces images même que Stan Neumann retrace le parcours de Jacques Austerlitz à travers les gares européennes d'Anvers à Terezin, à la recherche de ses origines, de son enfance, du passé.


Je voudrais également signaler un article que m'a envoyé Josiane et qui parle d'événements — qui se sont passés le 13 novembre également —aussi tristes, sinon plus encore, parce qu'ils sont quotidiens, que ceux auxquels Daesh nous a fait assister par le truchement des médias :
http://www.france-palestine.org/Plus-de-80-palestiniens-tues-en-un-mois

mardi 17 novembre 2015

Gedeao

Je suis allé hier en fin d'après midi au cours de Christopher Damien Auretta à la Faculté des Sciences et de la Technologie de l'Universidade Nova de Lisboa. Il commentait un texte de Martin Buber, le début de Je - Tu, un texte fameux qui commence en soulignant la dualité des mots. Un mot isolé ne veut rien dire, c'est dans le rapport qu'il établit avec un autre mot — Je - Tu ou Je - Cela — que du sens peut émerger. Je crois que ses étudiants, tous de formation scientifique au départ, étaient un peu perdus. Il m'a fait intervenir à deux ou trois reprises et je n'ai pas pu m'empêcher d'évoquer cette différence que j'ai rapportée dans mon blog récemment entre un texte qui ouvre les mots à l'interprétation à travers ses espaces blancs et un texte qui enferme les mots sur eux-mêmes pour qu'ils deviennent des ordres. Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre.

Mais Christopher est un enseignant très vif, utilisant volontiers les trois langues du cours : anglais, portugais et français, passant de l'une à l'autre sans crier gare, ce qui a des vertus pédagogiques évidentes notamment en nous dégageant de toute inhibition par rapport à ces langues. J'apprends beaucoup de portugais avec lui.

A la fin du cours, il m'a fait cadeau d'un ouvrage d'Antonio Gedeao, un ouvrage intitulé Poemas avec une traduction anglaise effectuée par Christopher lui-même. Antonio Gedeao est le pseudonyme de Romulo de Carvalho, décédé en 1997, historien des sciences qui, à partir de l'âge de 50 ans, a produit une oeuvre poétique très conséquente.

Voici un exemple, tiré de la page 78 :

O universo é feito essencialmente de coisa nenhuma.
Intervalos, distancias, buracos, porosida etérea.
Espaço vazio, em suma.
O resto, é a matéria.

Dai, que este arrepio,
este chama-lo e té-lo, ergué-lo e defronta-lo,
esta fresta de nada aberta no vazio,
deve ser um intervalo. 

Je trouve que ce poème trouvé au hasard des pages, allait assez bien avec l'idée évoquée ci-dessus, à propos de Martin Buber. Par ailleurs j'ai commencé la lecture du livre que m'a conseillé Pauline : Et Nietzsche a pleuré, de Irvin Yalom. Belle composition du personnage de Josef Breuer.

lundi 16 novembre 2015

Bruits

Il y a le bruit des avions qui, en ce moment même, traversent le ciel de Lisbonne. Le vent doit avoir changé de direction car l'approche de l'aéroport se fait autrement et les avions se font entendre un peu plus qu'avant. C'est un bruit presque continu. Il s'atténue parfois un peu mais, très vite, il remplit à nouveau tout le ciel, un ciel blanc de brume qui ne bleuit qu'à la verticale.
Il y a aussi le bruit et la fureur des médias à la suite des attentats de Paris. Ce matin, les avions français ont bombardé Raqqa en Syrie. Retaliation en anglais, représailles, vengeance. L'escalade se poursuit, vers quels sommets ? j'ai peine à m'imaginer les cimes de l'horreur à atteindre quoique le pic où l'on vient d'arriver ait déjà frôlé l'inimaginable, un inimaginable qui pourtant est fréquent, frôlant la banalité dans l'autre monde, à Beyrouth, en Tunisie, en Turquie, au Yemen, en Libye, en Palestine, dans le nord du Kenya...
Unité, unité, coopération, clame-t-on pour résoudre les problèmes de la violence. Il faut beaucoup de violence, d'une autre sorte, certes, pour réussir l'unité. L'unité, c'est aussi ce que veulent les djihadistes, sous la bannière noire du califat, ils veulent se débarrasser pour toujours de tous les mécréants que nous sommes. Ne serait-ce pas plutôt l'acceptation de la diversité qui devrait guider nos pensées sinon nos mouvements ? Evidemment, nous les accuserons d'être les premiers à ne pas l'accepter, ce qui est sans doute vrai. Mais l'acceptons-nous vraiment, nous-mêmes ? Sommes-nous capables de donner l'exemple ? Il faut dire que pour donner l'exemple de la diversité — d'une diversité assumée, vécue, désirée — il faut être plusieurs et différents les uns des autres. Le paradoxe est là, brutal : c'est ce que nous sommes justement.

Lisons René Char ("Le rempart de brindilles", page 359 des Oeuvres complètes aux Editions La Pléïade)  :
"Le dessein de la poésie étant de nous rendre souverain en nous impersonnalisant, nous touchons, grâce au poème, à la plénitude de ce qui n'était qu'esquissé, ou déformé par les vantardises de l'individu.
Les poèmes sont des bouts d'existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort, mais assez haut pour que, ricochant sur elle, ils tombent dans le monde nominateur de l'unité."

dimanche 15 novembre 2015

Cyclope

Je me suis levé tard aujourd'hui : 8h30. Je m'aperçois que je me réfugie dans des rêves. Il faut dire que cette nuit, j'en ai fait plusieurs qui se suivaient, comme une série télé, alors que je ne regarde jamais de série. Dans le dernier, ma voiture était mal stationnée tout près de la cathédrale de Strasbourg. On me l'avait prise. Je n'étais pas le seul à qui on me l'avait prise. Il fallait téléphoner à un numéro qui commençait par UU... Mais ce qui était drôle, c'est quand une sorte de contrôleur est venu. Il portait un képi de soldat comme celui que mon père a sur la tête sur une photo de jeunesse. Il s'agissait d'un homme petit et tout maigre, extrêmement aimable et correct, avec un seul oeil au milieu du front, un œil vert, tout-à-fait amical. Bref mon petit cyclope a discuté avec moi, me disant qu'il me ferait un prix, qu'il aurait fallu lui téléphoner tout de suite à un autre numéro, etc.

Hier, j'ai passé beaucoup de temps devant la télé à cause des attentats. La douleur des familles ou des amis qui ne retrouvent pas l'être cher qu'ils savaient au Bataclan. Ils vont d'hôpital en hôpital, sans nouvelles, angoissés, les larmes aux yeux, avec des photos du disparu. Quelle tristesse.

* * *

J'ai lu hier soir cette phrase de Francis Ponge : "Rien n'est bon que ce qui vient tout seul. Il ne faut écrire qu'en dessous de sa puissance." Tiré de l'ouvrage Le parti pris des choses, où l'on trouve de magnifiques réflexions sur l'attention qu'il faut avoir pour les objets, un galet par exemple, ou l'eau. Chaque fois que je lis ce qu'il écrit sur l'eau, je suis émerveillé par la délicate profondeur de son attention à ce qu'il ne fait que voir.

samedi 14 novembre 2015

Fusillade

J'ai reçu un mot de Charlotte avec ce titre : "Fusillade" que je reprends pour mon blog. Cela s'est passé dans le quartier où nous vivions à Paris et où vivent encore plusieurs de nos amis. C'est autre chose quand on connaît ces rues que l'on a arpentées pendant 14 ans. On s'imagine plus facilement être dans la même situation que ceux qui ont été tués ou blessés. Le Petit Cambodge était l'un des restaurants préférés d'Isabel. Lors de notre dernier passage à Paris, nous sommes allés y manger leur excellent bouboune.
Ces déchaînements de violence sont aussi liés aux armes qui circulent dans le monde moderne grâce à toutes sortes de trafics dont la France n'est pas innocente. C'est l'un des pays qui vend le plus d'armes au monde. Il faudrait dire "adieu aux armes" pour toujours. Cela n'empêcherait certainement pas la violence mais celle-ci s'exprimerait peut-être dans des formes moins cruellement abstraites et anonymes.

Je lis sur le site Alternet cette phrase incroyable :
"We live in an age when evil men have to be killed by good people." Nous devons cette idiotie à Newt Gingrich qui croit certainement faire partie des "good people" à qui il demande d'être des assassins. En devenant des assassins les "good people" deviennent des "evil men" qu'il faudra éliminer grâce à de nouveaux "good people". Il n'y aura bientôt sur terre que des "evil men". Heureusement que je ne serai plus là.

Les événements qui ont marqué la soirée d'hier m'ont fait oublier de mentionner l'osso buco que j'ai préparé selon une excellente recette de Marmiton et qu'Isabel et moi goûteront ce soir. Je vous en donnerai des nouvelles. Malheureusement j'ai oublié les olives qui, paraît-il, sont nécessaires. Mais cela devrait aller.

Je me remets au travail pour préparer cette conférence que je dois délivrer le 2 décembre à l'Institut Gulbenkian de Paris. Ça avance, mais lentement. Par à coups. J'écris un paragraphe. Je me fais un café. Et j'en écris un autre. Je vais voir où en sont les enquêtes à la télé. Je complète mon blog. J'ai de nouvelles idées. J'écris. La formulation de ces idées ne me pose plus aucun problème. Je présume que mon exercice quotidien d'écriture n'y est pas pour rien. Avis à tous ceux qui ont du mal à écrire. Seule la pratique peut vous faire progresser.

vendredi 13 novembre 2015

Le train de Molsheim

C'était la fête à Molsheim, une sorte de marché de Noël auquel j'étais parvenu en descendant des pentes assez raides qui me font déraper. Mais j'y arrive enfin et je monte dans un train où je rencontre... Sarkozy, entouré d'énarques et de courtisans de toutes sortes. Le président veut absolument que je devienne son ami. Pour moi, sans pour autant lui témoigner la moindre agressivité, cette rencontre n'a pas d'intérêt particulier, malgré ses avances. Je le vois avec son frère qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Je suis parfaitement tranquille tandis que lui, s'agite dans tous les sens. A vrai dire, je n'en ai que faire et j'aimerais que la serveuse me remplisse mon verre de vin, de vain, de rien...

J'ai eu Charlotte au téléphone hier soir. Elle était très déprimée et mettait en question sa présence à Luxembourg. Elle pleurait et je me sentais très impuissant pour la consoler de si loin. Je pense, j'espère qu'elle tiendra bon. Elle ne se rend pas bien compte du côté positif de l'expérience qu'elle est en train de vivre.

jeudi 12 novembre 2015

Benet

J'ai enfin reçu l'ouvrage collectif édité par Claude Murcia aux Presses de la Sorbonne issu du colloque qui s'est déroulé en 2013 sur le romancier espagnol Juan Benet et dans lequel Joëlle et moi apparaissons ensemble avec un article intitulé "Les inquiétudes du savoir dans l'écriture de Juan Benet". C'est notre texte qui, après l'avant-propos, ouvre la série des articles. Le volume est superbe avec une belle photo de Juan Benet. Je suis très heureux de cette publication qui consacre un peu la complicité intellectuelle que j'ai avec Joëlle.
Là, Benet me regarde et il se trouve que j'étais exactement dans la même position que lui avec mon poing gauche sur la joue. Mais je n'ai toujours pas de moustache.

mercredi 11 novembre 2015

Saltimbanque

Mon rêve impitoyable me poursuit impitoyablement. Jusque dans mes rêves. Cette nuit, je résolvais la question en me disant poète. Mais là aussi un certain professionnalisme s'impose. Dans ma jeunesse, j'écrivais des sonnets. J'aimais cette petite construction de mots très rigoureuse dans ses alternances de rimes. Je me piquais d'être assez bon dans cet art verbal. Et ma mère confirmait gentiment mes propres auto-évaluations élogieuses. Je me sentais en concurrence avec mon père. Un petit noeud psychanalytique somme toute assez banal. Le poète est une sorte de saltimbanque. C'est un peu l'idée que je m'en faisais quand, vers 16 ans, je fréquentais un petit cercle de poètes qui nichait au FEC à Strasbourg. J'admirais beaucoup les poèmes d'Henri Millot. J'en ai encore quelques manuscrits. Il était étudiant en médecine. Je le trouvais tout-à-fait génial. Nous formions une joyeuse bande. On dirait que mon mariage précoce a tout arrêté. J'ai commencé à lire des livres de sociologie.  Mais je pense que je suis resté un peu saltimbanque à travers les problèmes dont je me suis emparé professionnellement : la vulgarisation scientifique d'abord dont tous mes amis disaient qu'il s'agissait là d'un non-sujet, un truc sans le moindre intérêt, l'écriture ensuite qui continue à faire des noeuds dans ma tête.

Attention à ne pas transformer ce blog en une sorte d'autobiographie.

mardi 10 novembre 2015

Impitoyable

Certains rêves sont impitoyables, comme celui que j'ai fait cette nuit. Un rêve qui vous fait regretter de l'avoir rêvé. Non pas un cauchemar. Il ne s'agit pas d'un rêve qui fait peur mais plutôt d'un rêve qui fait honte. J'avais été invité à une fête. Philippe B. était là. Il avait apporté un excellent jambon, comme d'habitude avec un couteau particulièrement bien aiguisé pour s'en couper une ou deux tranches. Ce que j'ai fait et je me coupe légèrement le doigt en même temps. Puis, je rencontre mes anciens étudiants du DESS à Paris. L'un survient derrière moi et veut me tirer les oreilles, comme à un mauvais élève. Il me regarde avec mépris et me couvre d'insultes. Je veux me défendre mais je ne réussis même pas à lui donner le coup de poing que je lui destinais. Mes anciens étudiants défilent et m'accablent de leur mépris. Je comprends qu'ils m'en veulent à cause de la nullité de mes enseignements, de ma bêtise immense, de mes faiblesses innombrables, de la fragilité de mes arguments, de mon impardonnable ignorance. Ils organisent le simulacre de mon enterrement sur une sorte de terrain de foot. Je me pose la question : un rêve peut-il vous pousser au suicide ? Je me réveille, à la fois content d'être réveillé et mécontent du réveil lui-même avec cette question : de quel fond de culpabilité ce rêve a-t-il surgi ? Le rêve mettait radicalement en question mon identité professionnelle. Rien d'autre. Je me suis senti très secoué par ce qu'il me disait de moi-même.

A part ça, j'ai terminé le livre de Jack Goody qui transcrit les entretiens qu'il a accordés à Dauzat sous le titre L'homme, l'écriture et la mort (Les Belles Lettres, 1996) en prévision de mon intervention à Lyon, le 30 novembre prochain.

lundi 9 novembre 2015

Latour

J'ai terminé Face à Gaïa de Bruno Latour. Le dernier chapitre —la dernière conférence— est très intéressant. Il retrace une expérimentation qui s'est déroulée au Théâtre des Amandiers à Paris en mai 2015. Il s'agissait d'une simulation improvisée, mais sans doute aussi préparée de longue date, des négociations mettant aux prises les nombreuses entités impliquées dans le Nouveau Régime Climatique et qui a rassemblé environ 240 étudiants issus de nombreux pays du monde et répartis en groupes pour représenter toutes les parties invitées à la COP 21, mais aussi des partenaires généralement non-représentés à ce genre d'événements "Océan", "Sol", "Poissons", "Nuages", "ONG", "Vatican", "Islam", "Inuïts", etc.,— j'évoque ici plusieurs entités sans citer plus précisément celles qu'a mentionné Latour dans son texte— mais qui, pourtant, sont parties prenantes dans les tragédies qui s'annoncent. J'ai retrouvé sur internet l'annonce de ces trois journées (et nuits) de théâtre. Si l'un de mes lecteurs a assisté à cet événement je serais heureux qu'il me donne son point de vue.

dimanche 8 novembre 2015

Guillaume

Qui est Guillaume ? Celui dont, dans le rêve de cette nuit, Isabel me disait, on pourrait vivre avec Guillaume, c'est un gentil garçon et il est pauvre, on serait à la campagne, il cultiverait des légumes et garderait les chèvres, qui est Guillaume ? Je n'en sais rien.

Aujourd'hui, Charlotte s'envole à nouveau pour Luxembourg. Elle rejoint son Lycée et dans quinze jours, c'est moi qui y vais. Charlotte a bien profité de ses vacances pour revoir ses amis et amies de Lisbonne et hier soir, elle est sortie avec une amie jusqu'à une heure du matin. C'est bien, c'est de son âge, certainement, mais il ne faut pas qu'elle oublie son travail si elle veut rejoindre ses amis en seconde l'année prochaine.

J'ai presque terminé le livre de Bruno Latour, Face à Gaïa. Comme je l'ai dit, j'ai beaucoup apprécié ses analyses très fines des thèses de Lovelock et je me demande d'ailleurs si Jacques Grinevald serait d'accord avec lui. Je vais le lui demander. Par contre, ses conférences sur la religion et la contre-religion sont beaucoup moins claires et cela ne m'étonne pas tant, car déjà dans Jubiler, il témoignait d'une sorte de confusion étrange, lui qui est généralement si clair dans ses propos, semble s'emmêler les pinceaux dès qu'il aborde le religieux.

samedi 7 novembre 2015

Balade

Une  longue nuit qui s'est terminée par un long rêve alsacien : je faisais, avec de nombreux amis, une balade, à cheval au début, avec un canasson assez fragile au caractère très indépendant mais que j'arrivais plus ou moins à tenir, à pied ensuite, on arrive bientôt devant les ruines d'un château-fort que l'on se met à visiter mais les pierres se déboitent au moment où on escalade des murs branlants, il faut s'engouffrer dans des couloirs étroits, remplis de toiles d'araignées, je rencontre un chat qui s'enfuit, le groupe se disperse dans les ruines, on m'appelle pour voir dans le lointain une cascade d'eaux tumultueuses, je viens de faire tomber une petite tour de pierres grises assez jolie, ohlala, mais qu'ai-je fait ? quel maladroit je suis, c'était une jolie tour en forme de sein avec un petit mamelon sculpté dans la même pierre à son sommet, une sorte de boule que je pourrais emmener avec moi comme souvenir, mais non, cela ne se fait pas.

J'ai repris la lecture de Face à Gaya de Bruno Latour et je suis assez fasciné par son analyse brillante de Lovelock, l'inventeur de Gaïa. J'en dirai certainement plus ultérieurement.

vendredi 6 novembre 2015

Fog

Par ma fenêtre, je ne vois plus rien à cent mètres. Lisbonne est dans un nuage. Tout disparaît, noyé dans une lumière tamisée, une lumière diffuse qui cache les choses plutôt qu'elle ne les éclaire.
Hier j'ai fait un délicieux menu pour Z. Poulet grillé à la sauce "baldwin" : huile d'olive, ail, échalotes, thym, champignons, vin blanc, tamari et, à la fin un peu de crème. Absolument délicieux. Le poulet, prédécoupé, ne sèche pas.

Aujourd'hui, je fais le taxi pour ces dames : Sylvie qui va à l'aéroport et rentre en Autriche, Isabel à son magasin, Charlotte chez le dentiste, trois lieux qui vont me faire aller aux quatre coins de la ville.

J'ai commencé à rédiger ma conférence Gulbenkian pour le 2 décembre mais d'ici qu'elle soit finie, j'ai encore d'autres écrits à terminer : mon intervention à la réunion de Lyon et la revue critique du livre de Z. sur Bachelard pour les Editions Universitaires d'Edimbourg. Il faut également que je prépare mes interventions dans les équipes du Lycée Ermesinde. Et que je n'oublie pas l'article pour "le chaos des écritures", article qui recoupera ce que je projette de dire à l'institut Gulbenkian de Paris. Le programme est chargé.

Je viens de lire un article intéressant qui montre que, contrairement ce qu'on pourrait penser, les enfants issus de familles athées sont plus facilement altruistes et généreux que ceux issus de familles religieuses (catholicisme ou islam). Voici les références de l'article :
http://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/2015/11/05/les-enfants-d-athees-sont-plus-altruistes-que-ceux-eleves-dans-une-famille-religieuse_4804217_1650684.html?IdTis=XTC-FUFQ-A6IU9Q-DD-5FRIK-K2SK

Autre article qui vaut une lecture attentive, paru dans le monde daté de samedi 7 novembre et qui devrait faire honte à à la justice française, et au gouvernement qui en est responsable :
http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/libre/20151107/index.html?aaaammjj=20151107&article_id=1221059&clef=EMAIL14

jeudi 5 novembre 2015

Ryan Gattis

Je termine actuellement le roman de Ryan Gattis, Six Jours, publié chez Fayard en 2015 et que m'a offert Christine. Il s'agit d'une  histoire des gangs de Los Angeles lors des émeutes déclenchées par le passage à tabac par la police de LA, de Rodney King en 1992. L'auteur nous donne une vision de certains quartiers de LA extrêmement crue, avec des personnages bien typés, qui, chacun à leur tour, raconte et défend son point de vue sur les événements, non pas les émeutes en elles-mêmes, mais ce qui se passait à côté des pillages de magasins et des incendies volontaires qui ont mis cette ville tentaculaire à feu et à sang. C'est un livre très attachant avec une langue dure, qui reprends à son compte des tics de langage des bomies qui constituent les gangs. Le sixième jour, il y a un très beau passage sur les tags et l'esprit de ceux qui s'adonnent à cette pratique singulière. Mais aussi, au cours de ces pages il y a des éclairs d'humanité et de tendresse qui ne peuvent laisser indifférent tels que l'amour non-dit et pourtant tacitement réciproque entre l'infirmière Gloria et le pompier Anthony. C'est un beau roman et je remercie Christine d'avoir pensé à moi.

Je viens de lire un commentaire dans Le Monde des Livres, du roman de Atiq Rahimi, un auteur afghan qui vient de publier La Ballade du calame, d'où je sors la citation suivante :
"Les mots cachent quelque chose. Le blanc entre les mots souligne ce que cachent les mots. Cela tient aux multiples interprétations de l'Ancien Testament, de la Torah… Dans la religion coranique, les mots sont des mots. On ne les interprète pas, on les applique. Le Coran, au lieu de me donner la possibilité d'interpréter le monde, bloque toute interprétation… "
Cette idée me semble d'une grande pertinence actuelle pour rendre compte de la radicalisation des jeunes qui partent pour défendre l'Etat Islamique.

mercredi 4 novembre 2015

Jours/nuits

Au fond, les jours, dans leur succession régulière et tranquille, se ressemblent beaucoup. Pour peu que l'on vive dans un environnement relativement stable, nos gestes quotidiens, nos habitudes, nos rites les ordonnent et leur confèrent le bénéfice heureux de la répétition, la répétition du vivant, alors que les nuits, par contre, sont vraiment différentes les unes des autres. Pas seulement en raison des trésors imaginatifs de nos rêves qui nous font voir à chaque fois de nouveaux paysages, de nouveaux visages, qui nous font faire de nouveaux gestes —voler comme des oiseaux, nager comme des dauphins ou des sardines, tuer père et mère, faire l'amour avec de nouvelles femmes ou même de nouveaux hommes, courir avec cette belle foulée longue et souple qui m'a été inspirée cette nuit par la manière dont Charlotte, à Foz Coa, s'est mise à courir à peine sortie de la voiture, discuter avec le diable, réssusciter les morts et s'envoler à nouveau dans le bleu profond d'un ciel entièrement dégagé... — mais surtout en raison des rythmes du sommeil et de l'éveil, des pensées qui font lien entre ces deux états. Prodigieuse diversité de nos nuits où rien ne se répète jamais.

Un article à lire aujourd'hui sur un jugement contre les défenseurs de la campagne BDS :
http://www.ujfp.org/spip.php?article4492

mardi 3 novembre 2015

Lello

C'est le nom de la fameuse librairie où, à Porto, on a tourné certaines scènes de Harry Potter, avec un escalier en "presque double hélice", genre "acide désoxyribonucléique", une librairie où il faut payer trois euros pour entrer, somme qui sera déduite du coût de vos achats livresques si en effet, vous achetez quelque chose, ce que, d'ailleurs nous avons fait, grâce à Charlotte qui m'a demandé si elle pouvait lire Crime et châtiment de Dostoïevski, j'ai répondu oui bien sûr, c'est à peu près à ton âge que je l'ai lu et cela m'a  passionné, tu verras, tu ne pourras plus t'arrêter, elle a d'ailleurs acheté un autre petit polar en anglais, bref, comme nous avions payé trois entrées, cela m'a fait une réduction de 9 euros sur ces achats, dehors il pleuvait et nous avons repris la route pour revenir à Lisbonne sous une pluie battante,

après avoir fait nos adieux à Guy et Anne ainsi qu'à Eric et Christine, qui s'envolaient de l'aéroport de Porto, j'espère qu'ils ont pu avoir leurs avions respectifs, l'un pour Bâle-Mulhouse, l'autre pour Paris, ce fut un vrai plaisir de les voir longuement dans toutes les situations qu'Isabel avait imaginées, pour rendre son cinquantième anniversaire le plus mémorable possible, ce qu'elle a réussi parfaitement...

lundi 2 novembre 2015

Big sleep

Il ne s'agit pas ici d'une référence à Raymond Chandler ou à Humphey Bogart qui, dans le film du même nom, incarne le fameux Philip Marlowe, non, il s'agit simplement de la qualité de mon sommeil cette nuit. Je me réveille reposé. Et encore habité par de longs rêves étranges où, revêtu d'un long manteau gris, j'accompagnais des amis de Strasbourg au ski. C'était tout un rite assez bizarre. Il fallait placer ses chaussures de ski à la file pour être sûr d'avoir une bonne place dans le train. En fait, le chemin pentu qui descendait jusqu'au train me fait penser maintenant au chemin qu'à l'âge de quatre ans, je devais descendre avec mes deux frères, dans la neige, pour aller à l'école maternelle, à Bois-de-Breux. Mes deux frères m'asseyaient sur le traineau et me tiraient pour remonter à la maison. Pour y aller, nous nous mettions tous les trois sur le traineau qui glissait tout seul le long de la pente et qui se renversait de temps en temps.

Erdogan a obtenu sa majorité absolue au parlement turc. Il va pouvoir donner libre cours à sa folie des grandeurs.

dimanche 1 novembre 2015

Foz Coa

Dernière étape de nos aventures amicales en l'honneur du cinquantième anniversaire d'Isabel. Nous sommes allés à Foz Coa, qui est un lieu assez célèbre puisque c'est là que l'on a découvert des gravures sur pierre datant du paléolithique supérieur. Nous avons eu l'occasion de visiter l'un des trois sites ouverts au public, en sachant que ces gravures sur rochers se font écho les unes aux autres sur toute la longueur des 29 km de la vallée. C'était tout-à-fait passionnant avec une jeune guide dont les grands yeux rêveurs, pendant qu'elle nous donnait des explications, avaient l'air de voir ces homo sapiens sapiens —ils étaient mille, paraît-il — vivre, manger, courir, faire l'amour, chasser les aurochs dont ils gravaient les profils avec des silex sur les rochers de schiste, chevaucher dans les douces lumières du crépuscule, ils étaient là, peuplant son rêve de personnages énigmatiques.