Je suis allé hier en fin d'après midi au cours de Christopher Damien Auretta à la Faculté des Sciences et de la Technologie de l'Universidade Nova de Lisboa. Il commentait un texte de Martin Buber, le début de Je - Tu, un texte fameux qui commence en soulignant la dualité des mots. Un mot isolé ne veut rien dire, c'est dans le rapport qu'il établit avec un autre mot — Je - Tu ou Je - Cela — que du sens peut émerger. Je crois que ses étudiants, tous de formation scientifique au départ, étaient un peu perdus. Il m'a fait intervenir à deux ou trois reprises et je n'ai pas pu m'empêcher d'évoquer cette différence que j'ai rapportée dans mon blog récemment entre un texte qui ouvre les mots à l'interprétation à travers ses espaces blancs et un texte qui enferme les mots sur eux-mêmes pour qu'ils deviennent des ordres. Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre.
Mais Christopher est un enseignant très vif, utilisant volontiers les trois langues du cours : anglais, portugais et français, passant de l'une à l'autre sans crier gare, ce qui a des vertus pédagogiques évidentes notamment en nous dégageant de toute inhibition par rapport à ces langues. J'apprends beaucoup de portugais avec lui.
A la fin du cours, il m'a fait cadeau d'un ouvrage d'Antonio Gedeao, un ouvrage intitulé Poemas avec une traduction anglaise effectuée par Christopher lui-même. Antonio Gedeao est le pseudonyme de Romulo de Carvalho, décédé en 1997, historien des sciences qui, à partir de l'âge de 50 ans, a produit une oeuvre poétique très conséquente.
Voici un exemple, tiré de la page 78 :
O universo é feito essencialmente de coisa nenhuma.
Intervalos, distancias, buracos, porosida etérea.
Espaço vazio, em suma.
O resto, é a matéria.
Dai, que este arrepio,
este chama-lo e té-lo, ergué-lo e defronta-lo,
esta fresta de nada aberta no vazio,
deve ser um intervalo.
Je trouve que ce poème trouvé au hasard des pages, allait assez bien avec l'idée évoquée ci-dessus, à propos de Martin Buber. Par ailleurs j'ai commencé la lecture du livre que m'a conseillé Pauline : Et Nietzsche a pleuré, de Irvin Yalom. Belle composition du personnage de Josef Breuer.
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