On a beaucoup entendu ces derniers temps, ou lu dans les médias, une référence à l'universel : nos valeurs, a dit sans doute cet idiot de David Pujadas, sont des valeurs universelles. Dire cela dans un contexte de "guerre" me semble complètement paradoxal, car si l'on est en guerre, c'est bien parce qu'il y a des gens qui ne partagent pas nos valeurs et que donc, dire de celles-ci qu'elles sont "universelles", se trouve immédiatement démenti par nos actes de guerre. En outre, cette prétention à l'universalité rajoute-t-elle quelque chose de plus à ces valeurs sinon qu'elles en deviennent bien prétentieuses, justement. Pourquoi voulons-nous que nos valeurs soient universelles ? Et d'ailleurs, qu'est-ce que cela veut dire exactement ? Seraient-ce des valeurs susceptibles de valoir pour tout être humain : homme, femme, enfant, blanc, jaune, noir, métis, riche, pauvre, croyant, non-croyant, nu, habillé, neurasthénique, bipolaire, schizophrène, cancéreux, syphilitique, rachitique, hydrocéphale, vieillard, adolescent, adolescente, gangster, curé, pasteur, djihadiste, terroriste, militaire, adjudant, général insomniaque... voire pour tout être vivant en y incluant tous les animaux de l'arche de Noé ainsi que tous ceux qui furent oubliés et qui survécurent quand même au déluge ?
Je pense que nos valeurs n'ont absolument pas besoin de cette touche d'universalité bien pensante, catholique et souvent très hypocrite pour valoir quelque chose. Au contraire, j'ai l'impression qu'elles se brouillent dans l'universel, qu'elles s'affadissent. Comme l'aurait dit Feyerabend, elles se déshumanisent pour s'ouvrir à une utilisation abusive. Il y a quelque chose de monstrueux dans l'universel. Relisons les fragments de Xénophane.
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