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mardi 25 novembre 2014

25 novembre : Premier écrit

Hier après-midi, j'ai vu un documentaire sur Borgès, l'écrivain argentin, auteur magnifique, plein d'intelligence et d'imagination pour nous fasciner avec ses histoires extraordinaires. Bizarre qu'il n'aie pas été récompensé par le prix Nobel de Littérature. J'aime bien Modiano, qui dit la même chose que Borgès, en substance : "J'ai l'impression de ne jamais avoir écrit qu'un seul livre, le premier. Tout le reste n'étant qu'un développement multiforme de ce qui était déjà contenu dans celui-là." Mais Modiano n'a pas (encore ?) la stature d'un Borgès. Pour ce dernier, il s'agissait de Ferveurs de Buenos Aires, qui, selon lui, exprime, entre les lignes, tout ce qui suivra. Auparavant il avait déjà écrit des poèmes et des nouvelles mais ce livre là, dont la publication a été financée par son père, aveugle comme il le deviendra lui-même, était considéré par l'auteur comme son premier ouvrage. Mais cela n'est-il pas vrai pour la plupart des auteurs. J'ai moi-même (suis-je en train de me considérer comme un auteur ?) souvent l'impression que ma première thèse, Les Problèmes théoriques de la vulgarisation scientifique, annonce déjà implicitement tout ce que j'ai écrit par la suite même si cette suite a été nourrie par des explorations et des "découvertes" associées à d'autres études et enquêtes, notamment tous les développements dont j'ai pu m'aviser en travaillant sur l'écriture alphabétique et ses effets à la fois cognitifs, sociaux et culturels. Presque tout ce qui a suivi est déjà là, en instance d'explicitation à travers de nouvelles lectures, de nouvelles rencontres, de nouveaux défis. Mais tout ce qui est "nouveau" justement, se cache déjà  dans les latences de mes premières écritures, voire même de mon premier article, "Vulgarisation scientifique et idéologie" paru dans la revue Communications en 1969.

* * *

Je lis sur FaceBook que Fred D. a vu le film de Zhang Yimou, Riding Alone For Thousands Miles, avec cet acteur merveilleux qui vient de mourir (le 10 novembre, à Tokyo) à l'âge de 83 ans, Ken Takakura. Aussitôt, je me mets en quête du film et je réussis à le voir moi aussi. Un film magnifique, plein de nuances, sur les relations père/fils, fils/père. Un Japonais, Mr Takata, est appelé au chevet de son fils qui est à l'hôpital avec ce qui se révélera un cancer du foie en phase terminale. Le père y va, mais le fils refuse de le recevoir. Le père apprend que son fils voulait tourner un film sur un opéra, "Riding alone for thousands miles" en Chine dans la province de Yunnan. Il décide de s'y rendre pour tourner ce film que son fils n'a pas pu faire. Il va ainsi à la rencontre de Li, l'acteur qui chante cet opéra populaire et qui est en prison. Li ne peut chanter l'opéra parce qu'il pense à son fils dont il est séparé. Takata va le chercher dans le Stone Village. Au cours de son chemin de retour avec Yang Yang, le fils de Li, celui-ci s'échappe et Mr Takata le suit. Ils s'égarent et un lien se noue entre eux. Finalement, Yang Yang ne veut pas voir son père qu'il ne connait pas. Mr Takata retourne seul dans la prison où se trouve Li. Il lui montre les photos qu'il a prises de son fils. Li pleure... et chantera finalement l'opéra pour le fils de Mr Takata qui, entretemps, est mort à l'hôpital.

Difficile de rendre la beauté des images qui nous montrent un petit bout de la Chine, un petit bout grandiose, les montagnes du Yunnan. 

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