Les noms de tous ceux qui sont morts quand j'avais trente, quarante ou cinquante ans, pouvaient aussi m'être très familiers : André Gide, Paul Claudel, Jean-Sol Partre, Merlean-Ponty, même Heidegger que mon prof de philo allait visiter dans la Forêt Noire tous les week ends, Jacques Bref, Edith Piaf, Georges Brassens, Elvis Priesley, John Lennon, Marcel Carné, Hervé Bazin, François Mauriac, Paul Feyerabend, Abraham Moles, Henri Lefèbvre, Paul Ricœur qui était notre voisin immédiat quand j'habitais la Robertsau avec ma famille à la fin des années 50 —la fenêtre de ma chambre au premier étage était juste en face de la fenêtre de son bureau— Jacques Lacan, Simone de Beauvoir, Guy Debord, etc... toutes ces personnes dont les noms m'étaient familiers alors qu'elles étaient encore vivantes, sont mortes aujourd'hui, souvent mortes depuis longtemps. Les médias en ont parlé tout comme ils ont parlé de David Bowie et vont parler de Michel Tournier. Peut-être que l'effet dont je parle n'est rien d'autre que celui d'un rapprochement. Les écarts d'âge diminuent. Je me rapproche tout doucement et, pour le moment, très calmement de cette immense cohorte des morts.
Cette image m'a sans doute été inspirée par le film Selma que j'ai vu hier soir avec Isabel et qui relate la grande marche entre la ville de Selma et Montgomery, en Alabama, conduite par Martin Luther King et qui devait amener le président Johnson à signer son projet de loi qui reconnaissait le droit d'inscription sur les listes électorales à tous les citoyens américains. Un très beau film qui parle de la non-violence et qui devrait inspirer tous les humains ayant des revendications légitimes pour plus de justice et d'égalité. Je suis encore —et pour le plus longtemps possible— dans la cohorte des vivants.
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Les annonces de la mort de Michel Tournier mentionnent généralement Vendredi ou la vie sauvage, qui est la version pour enfants du livre. Aujourd'hui, on annonce également la mort de Glenn Frey, l'un des chanteurs des Eagles, le groupe de l'Hôtel California dont je me régalais les tympans quand j'étais à York.
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