Nous sommes allés voir le dernier film de Nanni Moretti, Mia Madre, un film dont le moteur est la réflexivité. Nous y voyons un film se fabriquer pendant que la mère de la réalisatrice est en train de mourir et meurt finalement, au cours d'une scène qui ne pouvait pas ne pas me faire penser à la mort de ma propre mère, le 4 janvier 1960. Mais la scène dans le film dure peut-être deux minutes alors que l'agonie de maman a duré, j'allais dire plusieurs heures, mais ce n'est certainement pas çà, au moins une heure sans doute, une heure qui m'a paru une éternité. En tout cas ce film m'a rappelé douloureusement les derniers moments de ma propre mère à l'hôpital civil de Strasbourg. Comme le disait M. en sortant du cinéma, le film laisse une impression de lourdeur comme si l'expérience sensible de la mort d'un être aussi cher qu'une maman se répercutait pour effacer toutes les différences de valeur que nous accordons aux événements de notre vie quotidienne. Une sorte d'uniformité grise envahit le quotidien au nom de cette imprégnation lente d'une gravité associée à notre mortalité.
En début d'après-midi, nous sommes allés conduire Charlotte à la gare de l'Est d'où elle prenait le train pour retourner à l'internat. Ce retour la rendait très triste. Elle éprouvait beaucoup d'hostilité vis-à-vis de sa tutrice. Retrouver ces expériences d'humiliation qu'elle lui fait subir sans en être tout à fait consciente sans doute, assombrit complètement ce retour dans une école qui devrait susciter l'enthousiasme. Avec Charlotte, c'est raté.
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