Kristof

Je lis d'Agota Kristof Le Grand Cahier, Seuil, 1986. C'est l'histoire de deux garçons jumeaux, qui vivent avec leur grand mère, avare et parfois méchante, dans dans un pays ravagé par la guerre. Bien que très pauvres, ils s'aident mutuellement pour acquérir toutes sortes de savoirs afin de survivre et, en général, ils se débrouillent très bien. Le style est très dépouillé. 

Ce matin j'ai jardiné pendant quelque temps. Il fallait couper des plantes trop invasives, voire même en arracher quelques unes. Cela m'a fatigué. Ce soir nous recevrons une vingtaine d'amis et connaissances pour voir le feu d'artifice de notre terrasse (s'il y a feu d'artifice, évidemment !).

Mens

J'ai le hier le petit livre de Jean-Luc Nancy, La vérité du mensonge, texte d'une conférence délivrée devant des enfants. J'ai toujours apprécié les textes de ce philosophe malgré l'arrogance avec laquelle il m'a traité lors de notre seule rencontre. Manifestement, pour lui, je n'étais rien, en tout cas pas digne d'une conversation philosophique informelle. Je ne lui en ai pas voulu. Il faisait partie de l'aristocratie d'Ulm et, par rapport à ce statut, je n'avais rien à faire valoir. Cependant, ce petit texte adressé à des enfants, m'a beaucoup déçu.  Il ne dit rien de vraiment intéressant sur le mensonge, à part l'évocation de son étymologie : le terme vient du latin mens, esprit.  

Média

 C'est la deuxième fois que je transfère 50 euros au Média. Cette chaîne TV qui tente de faire exister une information indépendante. Je trouve cette tentative courageuse et salutaire. C'est une chaîne qui est plutôt à gauche comme elle en convient elle-même. Il faut dire que les chaînes main stream sont vraiment déplorables. Même Arte, dont j'aime assez le journal quotidien, a tendance à se situer dans le courant centre droit des informations. Par ailleurs, j'ai écouté François Ruffin sur France Inter ce matin et j'ai trouvé son intervention très positive et engageante. Il ne critique personne sauf Macron et la macronie. C'est bien.

Autisme

Isabel a organisé un nouveau "salon du contrefort" aujourd'hui sur le thème de l'autisme. Il y avait beaucoup de psychiâtres et de psychanalystes qui ont bien mangé et bien bu ! Je me suis retiré assez vite. Mal m'en a pris car, quand je suis remonté une demi heure après, il n'y avait plus rien à manger. J'ai eu droit à deux bols de soupe aux champignons, très bonne, et quelques verres de vin rouge. J'ai finalement pu m'acheter le billet SNCF qui va m'emmener de Paris à Luxembourg le 15 janvier. Je reste à Luxembourg jusqu'au 18 et à Strasbourg du 18 au 22. J'espère pouvoir revoir ma famille ainsi que quelques amis, s'ils sont disponibles. 

K

L'hypothèse K —K comme Kafka— d'Aurélien Barrau nous dit que les débordements technologiques de notre temps correspondent à une sorte de cancer de la planète humaine dont la phase n'est peut-être pas encore terminale —encore que !— mais c'est grave, c'est vraiment très sérieux. Il n'y a pas de véritable solution si ce n'est celle qui consisterait à changer de monde, à changer le monde puisque c'est le seul que nous ayons et sur lequel nous pourrions retrouver notre puissance d'agir. Agir ? Oui ! à condition que ce soit poétique !  J'aime bien l'idée d'un salut qui passerait par la poésie. Après tout, c'est un peu ce qui m'est arrivé : en 2012 on me diagnostique un cancer et, à côté de mes traitements par radio- et chimiothérapies, je me mets à écrire des haïkus, habité par une sorte de fringale de poésie qui s'est exprimée ainsi. Bref, je crois beaucoup à cette idée que la poésie est un puissant remède à notre société technologiquement cancéreuse.

Thuillier

Je vais terminer aujourd'hui la lecture d'Aurélien Barrau dont je confirme la préciosité légère du style qui devient presqu'un inconvénient pour bien saisir ses idées. Jusqu'ici, ces idées restent intéressantes mais moins nouvelles qu'il peut sembler. Jean-Marc Lévy-Leblond a écrit des textes aussi percutants que ceux d'Aurélien Barrau, et souvent plus intelligemment argumentés. L'auteur a-t-il lu Feyerabend ? sans doute mais il ne s'en inspire guère, à tort. Par contre —et cela m'a fait plaisir— il cite plusieurs fois Pierre Thuillier qui mérite en effet qu'on lui rende hommage en ces temps si marqués par un scientisme de plus en plus caché mais néanmoins très prégnant.

Perfect egg

La journée de Noël, à savoir aujourd'hui même, s'est déroulée dans le calme des lendemains de fête. Nous attendons à nouveau nos invités d'hier pour le repas du soir. Nous aurons en entrée des "perfect eggs", c'est-à-dire des œufs cuits à une température constante de 65° pendant une heure. Isabel s'est fait livrer l"appareil approprié pour réussir cette cuisson délicate. En réalité, quand nous avons reçu l'appareil par Amazon, nous n'avions pas réussi à le faire fonctionner. Isabel a réclamé auprès d'Amazon qui nous a remboursés intégralement tout en refusant qu'on leur renvoie l'appareil en question. Donc, nous avons à nouveau tenté de le faire fonctionner et ...miracle, hier ou avant hier, nous avons dégusté notre premier "perfect egg" fait maison. Excellent.

Cirque

Hier nous sommes allés au spectacle de clowneries et de voltiges offert par le Cirque du Soleil, invités par ma belle-sœur, Elsa. Un peu décevant par rapport à celui que nous avions vu en 2011. Moins féérique. Plus vulgaire dans ses clowneries. Néanmoins très audacieux dans ses voltiges spectaculaires. 

Cette nuit j'ai fait un rêve qui m'a très impressionné. J'étais habité par une véritable rage. Une colère irrépressible. Une ire vindicative et très agressive. Curieusement, je me suis senti très bien au réveil. Ce rêve a pu avoir un effet cathartique. Il fallait que je me débarrasse de quelque chose et, bizarrement, c'est comme si ce fut fait. Est-ce possible ? En tout cas, ce fut un rêve très personnel et difficilement racontable malgré la prégnance des images dont il était fabriqué.

Je suis en train de lire L'Hypothèse K, d'Aurélien Barrau. Son point de vue sur cette science qu'il a longtemps cultivée et qu'il aime passionnément, est critique dans la mesure où la science oublie la fin pour ne se concentrer que sur les moyens. Elle oublie que ce qui nous importe véritablement c'est de donner un sens à la vie et au monde. Je n'ai pas encore fini l'ouvrage et la période n'est guère propice à la lecture mais je trouve ce livre intéressant. Parfois un peu manièré dans son style mais il ne semble pas s'agir d'un désir de séduction. Je ne résiste pas à citer cette phrase éloquente : "Lire un texte écrit par une intelligence artificielle revient à faire l'amour avec une poupée gonflable. Tout y est... sauf l'amour." (p.44) Je ne suis pas absolument sûr que la comparaison est juste, mais elle est très frappante. Il faut dire que je n'ai jamais fait l'amour avec une poupée gonflable pas plus que je n'ai lu de texte écrit par une intelligence artificielle. Mais n'y a-t-il pas toujours quelque chose de légèrement artificiel dans l'intelligence, que celle-ci soit humaine ou non. 

Avant hier, j'ai renoué avec mon groupe de lecteurs à l'Institut français. J'ai retrouvé certains de mes complices avec beaucoup de plaisir.

Hafez

Hier soir, Isabel est allée chercher Charlotte à l'aéroport. Elles nous ont rejoints chez Alimo et Avisa chez qui nous étions invités pour manger un dîner iranien délicieux et écouter de la poésie iranienne. Nous avons ainsi entendu deux poèmes de Hafez, dont j'ai lu la traduction pour ceux qui ne comprenaient pas le farsi. Nous attendons maintenant l'arrivée d'Elsa, Joba et Beatriz qui fêtront Noël avec nous. Il y aura aussi Sydney, notre locataire du 2e étage.

Aïe, aïe, aïe

J'ai écouté Emmanuel Macron sur Cnews (TV 5). Je suis assez abasourdi par son raisonnement. Si j'ai bien compris, il pense qu'en faisant une loi directement inspirée par le programme de Marine Le Pen, il va se rallier les sympathisants de l'extrême droite qui sont supposés se dire : "Puisque Macron fait des lois qui nous conviennent, nous n'avons plus besoin de Marine Le Pen. Il fait le boulot. Soutenons-le." Comment est-ce possible de raisonner de cette façon ? 

Hier soir j'ai vu le film La Promesse, qui nous donne une image du génocide des Arméniens par les Turcs. Je me suis senti très mal à l'aise devant ces images qui nous montrent cette violence gratuite contre des femmes, des enfants et des hommes qui ne sont condamnés à la mort que parce qu'ils sont arméniens. Comment est-ce possible ? Pourquoi cette haine sans raison ?

Bose

J'écoute I Puritani de Bellini. Je l'écoute à partir d'un appareil BOSE que je croyais hors d'état de fonctionner avec mon iPhone 7. Or, c'est parfait ! J'adore cet opéra qui a été repris dans le film de Werner Herzog Fitzcarraldo (1982). 

Hier soir j'ai appris ce vote de l'assemblée nationale sur l'immigration en France. Une grande "victoire idéologique" pour Madame Le Pen qui ne cache pas son plaisir de voir ainsi la France revenir à des jours bien sombres. On n'y est pas encore certes mais les choses vont mal. J'ai entendu aussi le plaidoyer de dernière minute de Jean-Luc Mélenchon pour tenter d'empêcher ce vote inspiré par l'extrême droite. Un plaidoyer magnifique et quelque peu désespéré. 

Rangement

 Petit à petit je range mes papiers et mes photos. Il vaut mieux que je fasse ça avant de mourir sinon mes héritiers auront du mal. En réalité je pense qu'ils vont se débarrasser de tous mes vieux papiers sans même y regarder de plus près. Le courrier que j'ai reçu avant que l'électronique ne remplace tout. Je devrais peut-être renvoyer les lettres de certains de mes anciens correspondants à ceux et celles qui les ont écrites. Il semblerait que cela se fait. Par exemple, Liliane, l'ancienne directrice du GERSULP m'a renvoyé les lettres que je lui avais adressées pendant environ un an. Je ne sais pas vraiment quoi en faire. Bon ! Il faut encore que je réfléchisse un peu à tout çà avant de prendre une décision définitive. Je suis en face du feu  que j'ai allumé dans la cheminée et j'ai l'impression qu'il se ferait un délice de tous mes vieux papiers. J'avais déjà fait la même chose à 17 ans avec tous les poèmes que j'avais écrits à partir de 12 ans. 

Opérations

 J’ai enfin eu mon rendez-vous avec un médecin susceptible de pratiquer une opération qui m’aiderait à mieux dormir la nuit. Il faut que je refasse les examens échographiques et autres pour savoir justement ce qu’on peut faire. Mon âge devient un problème en ce qui concerne les opérations chirurgicales.

Tatou et Gaston ont de nouveau mangé ensemble dans la même assiette. 

Il fait un temps magnifique à Lisbonne. Un ciel bleu universel. Un soleil d’hiver sèchement froid. 

Louis

 Sydney, notre locataire américaine du 2e étage, va nous quitter. Elle veut quelque chose d'un peu plus grand que ce que nous pouvions lui offrir. Nous la regretterons beaucoup. Elle est venue hier soir pour fêter Hanouka. C'est elle qui avait préparé le dîner avec des toffees comme dessert selon une vieille coutume des Newyorkais. Elle avait invité des amis polonais et Lindsay, notre amie anglaise qui habite dans le GERS mais qui habite depuis 3 ans, de temps en temps, dans l'appartement qu'elle loue un peu plus haut dans notre rue, était là également. 

Aujourd'hui matin, mes chats criant famine, je leur ai servi de délicieuses boulettes de viande et c'est la première fois que je vois deux d'entre eux manger en même temps dans la même assiette. En plus, il s'agissait de Tatou et Gaston qui ne s'entendent guère. D'ailleurs, Tatou est partie très vite pour aller se promener sur les toits du voisinage. 

Je viens de souhaiter le meilleur pour Louis, mon petit fils, qui fête aujourd'hui son trentième anniversaire. Il a l'air en pleine forme. J'ai pu voir quelques photos de la soirée qu'il a organisée pour réunir famille et amis autour de cet événement unique dans la vie : trente ans, l'âge de l'épanouissement et de la maturité. J'espère qu'il n'oubliera pas sa vocation d'écrivain !

Soutenance

Hier soir j'ai assisté par Zoom à la soutenance de thèse de ma petite fille, Sasha. La soutenance a duré trois heures et demi et les interventions des membres du jury étaient très intéressantes. Je me souviens surtout de l'intervention de Tyson Yunkaporta qui parlait de l'Australie et dont l'intervention mettait l'accent sur les problèmes méthodologiques posés par le texte de Sasha. C'est certainement, du point de vue académique, le point faible de la thèse mais celle-ci est très claire sur le fait qu'elle n'obéissait pas aux règles associée aux progrès de la science. J'attendais même un peu que Sasha le dise clairement : "Mon texte ne témoigne pas d'un désir de scientificité. Il est centré sur la compréhension de certains aspects du monde actuel. Une compréhension qui, bien entendu, reste subjective en faisant intervenir le cœur dans ses tentatives d'éclaircissement des phénomènes rencontrés." L'autre intervention qui m'a interpellé, c'est la dernière, celle du président du jury, Guillaume Silbertin-Blanc qui est revenu sur une des problématiques centrales de la thèse, à savoir, la controverse entre Viveiros de Castro et Graeber, controverse dont Sasha montre à quel point elle n'est guère convaincante, ce qui n'a pas vraiment convaincu le président du jury. Mais ce fut, comme cela a été dit, un beau "geste philosophique" dont j'ai beaucoup apprécié la tenue. Merci Sasha pour ce moment !

Pascot

 Je viens d'écouter une émission de "J'suis pas content" avec une longue interview de Philippe Pascot, auteur de nombreux livres sur la corruption dans les milieux politiques français. C'est vraiment désolant de voir à quel point les élus, nos élus, sont achetables et corruptibles à tous les niveaux. J'ai bien aimé le ton de cet auteur —pas complotiste du tout—, qui nous informe de toutes les malversations dont se rendent coupables nos hommes politiques. En particulier sous les présidences de Macron. 

Histoire

 Depuis hier, il fait moins froid. J'ai terminé hier le petit livre de Mauvigniuer, Apprendre à finir. Une écriture splendide pleine de précision et de finesse.  Comme tous les mardis, j'ai regardé le programme d'Arte, Thema, sur l'histoire du conflit entre Palestiniens et Israéliens. C'est surtout l'histoire politique d'Israël qui m'a intéressé dans ce programme. L'ancien Israël des Ashkénazes contre le nouvel Israël des Mizrahim. 

Florian

Libération publie aujourd'hui un article sur les mensonges largement diffusés par les médias concernant les "atrocités" commises le 7 octobre dernier par le Hamas, mensonges qui viennent principalement de la propagande de guerre issue de l'armée israélienne et propagée jusqu'au sommet de l'État. J'ai été très heureux de voir que l'un des auteurs de cet aticle a été l'un de mes étudiants à Paris, Florian Gouthière. Est-il devenu journaliste à Libé ? Si c'est le cas j'en serais très heureux pour lui car ses débuts n'ont pas été faciles alors que c'était quelqu'un plein de talents et très intelligent. L'article en question montre à quel point Israël a tout fait pour que l'on considère le Hamas comme un groupe de terroristes d'une cruauté sans limites et non comme un groupe politique de résistance à l'occupation israélienne. Tout le monde a cru ces mensonges. Même Biden. Cela ne veut pas dire que je défends la violence sanguinaire du Hamas mais l'article nous montre que l'on est loin des atrocités inconcevables qui furent divulguées dans la plupart des médias occidentaux : les bébés décapités, les femmes éventrées, etc.

Cactus

Je publie aujourd'hui la photo du cactus de Noël qui vient de fleurir chez nous. Photo prise par Isabel. 

Lors de mon dernier séjour à Strasbourg j'ai acheté un petit livre de Laurent Mauvignier, Apprendre à finir (Éditions de Minuit, 2004). Or j'ai du mal à en commencer la lecture. Il faut dire que ce titre n'est pas très engageant pour quelqu'un qui justement est en train de finir sa vie. Bon ! Il faut que je me décide. Ce sera pour aujourd'hui. C'est un petit livre comme je l'ai dit. Je l'aurai vite fini s'il réussit à m'apprendre à finir. 

Nous avons donné aux chats quelques sardines car ils boudent la préparation BARF que nous leur donnons depuis très longtemps. Ils ont dévoré les sardines avec appétit.

Hedges

Je viens d'écouter la conférence de Chris Hedges at the Media Sanctuary in New York sur le génocide qui se déroule actuellement à Gaza. C'est Josiane qui m'a envoyé l'adresse. C'est une conférence très longue, bouleversante, qui non seulement décrit ce qui se passe mais rappelle le contexte historique qui a rendu possible cet horrible désastre.

https://www.youtube.com/watch?v=ly6lfhOxTe0

Depardieu

 J'ai vu l'émission "compléments d'enquête" sur Depardieu et les accusations dont il est l'objet de la part de plusieurs femmes qui disent avoir été malmenées sexuellement par l'acteur. Je veux bien croire qu'il a souvent transgressé les limites d'une saine bienséance, qu'il est d'une certaine manière incontrolable, mais je n'aime pas  la manière dont certaines femmes ont l'air de s'honorer du statut de victimes de "l'ogre" ! Ni le frère de Gérard, ni l'un de ses agents Livi, n'arrivent à croire que c'est un violeur. Ils le connaissent depuis longtemps. C'est sûrement quelqu'un de détestable, arrogant, machiste, et surtout, provocateur. Manifestement, il aime choquer les gens qui l'accompagnent dans ses pérégrinations diverses, jusqu'en Corée du Nord par exemple où on enregistre et on filme les insanités qu'il profère chaque fois qu'il rencontre des femmes. Mais pourquoi l'exhibe-t-on comme s'il s'agissait d'une bête de foire ? Pourquoi les médias s'acharnent-elles sur ce personnage hors-normes pour nourrir un spectacle malsain ? 

Confiance

Nous avons eu droit, hier soir, à une présentation intéressante sur les femmes dans l'art, essentiellement la peinture, par Jeanne, une conférencière très sympathique, française, que nous reverrons sans doute lors des prochains salons d'Isabel. Sachant que je m'intéresse aux problèmes de l'éducation, elle compte bien m'interviewer sur ce thème. À propos d'éducation, les mesures préconisées à la hâte par notre nouveau jeune ministre qui veut rétablir les groupes de niveaux, me semblent complètement à côté de la plaque. Les politiques actuelles de l'éducation me semblent souffrir d'un mal qui ne peut guère se réparer grâce à  quelques réformettes sans avenir : le manque généralisé de confiance. Les enseignants n'ont plus confiance en l'État, les élèves n'ont plus confiance en leurs profs, ceux-ci n'ont plus confiance en leurs élèves, les parents n'ont plus confiance au système de l'éducation nationale, bref, plus rien ne tient quand la confiance manque à ce point. Et il faudra sans doute des années pour restaurer cet ingrédient essentiel d'une bonne éducation.

Empoisonnement

 J'ai vu hier soir le film Dark Waters de Todd Haynes qui retrace l'histoire des combats menés pendant 15 ans par l'avocat Rob Bilott contre l'industrie chimique de Dupont de Nemours en Virginie pour avoir empoisonné l'eau avec les substances chimiques qui ont permis la mise au point du Teflon et de plein d'autres produits utilisés tous les jours par des millions de gens. Rob Bilott a obtenu le paiement d'énormes sommes d'argent destinées à compenser les torts subis par les consommateurs. Le film montre bien le cynisme de ces grands groupes qui n'ont de cesse que d'augmenter leurs profits.

Par ailleurs, je dois dire que je n'ai pas pu voir le médecin avec lequel j'avais rendez-vous hier après-midi, celui-ci étant malade. Le rendez-vous a été reporté au 18 décembre.

Mélodie

 Cet après-midi, je vais voir un médecin privé pour voir s'il est possible de m'opérer prochainement. Et le 19, j'ai rendez-vous à l'hôpital Santa Maria avec un ophtalmologue pour voir où en sont mes yeux. Par ailleurs j'ai parcouru assez vite L'Autre Livre de Mélodie Faury. C'est un manuscrit très intéressant tiré de son travail de thèse et qui réunit des fragments épars qui tentent de raconter ce qu'est la vie d'une chercheure qui cherche sa voie/voix dans les interactions qu'elle a pu avoir et qu'elle continue à avoir avec ceux qui ont marqué son parcours. Le livre n'est pas encore achevé mais, malgré de multiples reprises liées aux ritournelles de la vie quotidienne, il promet d'être tout à fait passionnant.

Le feu

 J'ai parlé pendant trois heures avec Sasha, elle en Colombie et moi, à Lisbonne.  Nous étions très présents l'un à l'autre. Nous avons parlé de sa thèse flamboyante sur le feu dont la soutenance doit avoir lieu le 15 décembre en présence d'un jury éclaté : Nastassja Martin en Alaska, Oiara Bonilla au Brésil, Tyson Yunkaporta en Australie, Guillaume Silbertin-Blanc à Paris 8, Federico Leoni à Vérone peut-être et Jean-Christophe Goddard à Toulouse ! La candidate restera dans la montagne en Colombie. Une soutenance bilingue anglais/français. Cela promet. 

Retour

Deux heures de retard pour Lisbonne. J'ai admiré la patience de tous ces voyageurs qui attendaient avec moi l'avion qui devait les embarquer pour Lisbonne. Une mère avec son bébé qui criait à tue-tête. Personne ne bronchait. Tous ces gens faisaient preuve de leur humanité bienveillante. Charlotte m'a accompagné jusqu'à l'aéroport. Pourtant, elle n'était pas très bien. Peu avant que l'on quitte son appartement à Marseille, son propriétaire est venu parce qu'il attendait une visite d'un éventuel acheteur. Une femme qui a semblé très intéressée. Il faut dire que l'appartement était impeccable, avec des plantes vertes dans tous les coins. Très cosy. 

Uniqlo

 J’attends que Charlotte se réveille. Elle est allée se coucher à 3h du matin. Je le sais parce qu’elle est venue me dire que les petits bruits que j’entendais et que je prenais pour ceux que pourraient faire des pattes de souris sur le plancher, n’étaient en réalité que ceux du radiateur électrique ! Elle voulait me rassurer. Je l’ai assurée que je n’avais pas peur des souris. Il est 11h. Hier après-midi nous avons fait quelques courses. Je lui ai payé le pantalon sur mesure qu’elle voulait se faire faire par une dame qui a une boutique dans le quartier. Aujourd’hui nous allons à Uniqlo pour acheter quelque chose pour Isabel. Je profiterai du centre-ville pour aller dans une librairie. Il fait beaucoup moins froid aujourd’hui. 

Je regrette de ne pas avoir eu le temps d’aller voir Mélodie quand j’étais à Strasbourg. Ce sera pour la prochaine fois. 

Kabusecha

 Je suis arrivé peu après 15 heures et j’ai pris le métro pour rejoindre Charlotte à Tripletta où elle finissait son temps de travail. J’ai pu manger une excellente petite pizza et boire une bière. Nous avons ensuite rejoint son appartement après avoir fait quelques courses : baguette, thé vert, citrons verts (que le froid avait jaunis), chocolat au matcha, gelée de sauge pour manger avec le foie gras (que nous n’avons pas acheté!), chocolat au gingembre, etc. L’et cetera que j’ai ajouté à la fin de ma liste, est parfaitement vide. Charlotte travaillait encore le soir ce qui fait que je me suis retrouvé seul dans l’appartement pour lire notamment les rapports extérieurs sur la thèse de Sasha. Elle me les a envoyés et j’ai trouvé qu’ils étaient très positifs, ce qui augure bien de la soutenance à venir dans quinze jours. Ce matin, Charlotte s’est réveillée assez tard. J’avais déjà pris mon œuf à la coque et préparé une théière de thé vert. J’en suis d’ailleurs à la deuxième théière dont je bois le contenu avec délice. En effet j’ai choisi du Kabusecha du Japon.

TGV

 Je suis dans le train qui, à grande vitesse, fonce vers la gare Saint Charles à Marseille où je resterai jusqu’au 1er décembre. J’ai longuement discuté avec Françoise hier soir pendant que l’on mangeait des harengs à la crème à l’alsacienne. Nous avons évoqué des souvenirs avec Francis. 

Discussion

 Grande discussion hier soir avec Hendrik sur le conflit Israel va Hamas. Nous n’étions pas d’accord. Je défendais les Palestiniens. Lui, la position d’Israël, une démocratie, la seule au Moyen-Orient. C’est lui qui m’a gentiment ramené chez Josiane où je devais passer la nuit. Maintenant, je me prépare à aller chez Françoise qui m’hébergera pour cette dernière nuit à Strasbourg.

Janine

 La maman de Josiane, Janine, que je connaissais bien, est partie pour toujours dans la nuit de vendredi à samedi dernier à  l’âge de 103 ans. Elle ne mangeait plus depuis une semaine. Elle ne buvait plus non plus. Les trois sœurs m’ont invité hier soir pour dîner dans un excellent restaurant japonais. On ne connaît pas encore l’heure de son enterrement. 

L’après-midi d’hier, je l’ai passée avec Irène qui a commenté en détail mon thème astrologique : Verseau, ascendant Cancer. Ma Lune est en Lion et mon Soleil est associé à Venus. Irène m’a dit beaucoup de choses qui me « parlaient » bien. Mon rapport à l’astrologie est teinté d’une certaine ironie bienveillante. Je me réjouis de pouvoir en parler avec Sasha, la prochaine fois que nous nous verrons… je ne sais pas quand ! 

Parmentier

 Un délicieux hachis Parmentier confectionné par Hendrik, hier soir chez Célia. À midi, j’ai déjeuné chez Françoise avec Marianne et Patrick. Une petite réunion familiale joyeuse et chaleureuse. Aujourd’hui, je vais aller chez Irène qui doit me parler de mon thème astrologique. Dans le train qui m’amenait de Luxembourg à Strasbourg j’ai poursuivi ma deuxième lecture de la thèse de Sasha. C’est un travail tout-à-fait passionnant qui change complètement le projet d’une anthropologie centrée sur l’exotisme des cultures. Le regard de l’anthropologue doit se recentrer sur une humanité vivante et changeante. 

Chasse

 D’habitude je continue à écrire mon blog quand je viens à Luxembourg mais cette fois, j’ai manqué à cette habitude. Désolé pour mes lecteurs assidus mais peu nombreux. Hier soir j’ai participé au « dîner de chasse » organisé une fois par an par le Lycée. Excellent. Au menu : Velouté de cèpes du pays avec toast au magret de canard fumé aux lentilles vertes ; ensuite, terrine de sanglier aux trompettes de la mort avec compote de fruits secs ; puis, raviolis de braisé de chevreuil avec jus de champignons de chez Diederich, puis’ médaillons de biche de la forêt de Cruchten, sauce poivrade, flan de céléri, chou farci, pomme aux airelles et pommes de terre Suzette et, pour terminer le tout, un délicieux « forêt noire » comme dessert, le tout arrosé d’un excellent vin rouge. Bravo Fred et les élèves cuistots qui ont collaboré à le préparation de ce régal !

Quora

 Je suis sur le départ pour Luxembourg de nouveau. Et ensuite, un petit tour par Strasbourg et Marseille. J'ai essayé de minimiser au maximum mes bagages ce qui fait que ma "valise" est très légère. Je me demandais même si je ne pourrais pas prendre mon petit sac à dos noir. Hier j'ai passé pas mal de temps sur Quora, ce site qui permet à n'importe qui de poser toutes sortes de questions auxquelles toutes sortes de gens répondent, dont moi, parfois, quand j'ai l'impression de pouvoir effectivement dire quelque chose qui correspond à la question. Parfois je réponds par une boutade. Les questions auxquelles je réponds le plus souvent relèvent de mes quelques domaines de compétence : philosophie, psychologie, écriture, science, monnaie, communication scientifique, etc...

Monnaie

Hier, j'ai téléchargé sur le site Academia mon article de 1988 dont le titre est "La monnaie est-elle un langage ?" et je vois qu'aujourd'hui cet article, assez ancien il faut le dire, a suscité l'intérêt de plusieurs lecteurs, notamment aux États Unis. Je l'ai relu avant de le télécharger et je suis encore d'accord avec l'essentiel de ce qu'il dit. C'est un article qui a été piblié dans la revue Fundamenta Scientiae. Il est très court, comme la plupart de mes articles. Bien sûr, j'aurais pu développer plus amplement mon argument et multiplier les références mais je trouve, en le relisant, qu'il est bien comme il est. 

Colombo

Hier soir, nous avons reçu 33 personnes pour une conférence par une inspectrice de la police sur les femmes dans la police judiciaire au Portugal.  Isabel avait fait un dîner intéressant où chaque plat évoquait d'une manière ou d'une autre le monde de la police. C'est pour cela que l'on a eu droit à un  Colombo comme plat principal !

Vuillard

 Je lis maintenant 14 juillet d’Eric Vuillard, un auteur qui a un style bien à lui : phrases courtes, rapides, parfois très poétiques. J’aime bien son style et c’est pour ce style que j’ai acheté ce livre qui raconte Paris au cours de ces journées qui ont donné à la France cet esprit français, si frondeur voire râleur., voltairien…

Transplantations

Aujourd'hui après-midi, nous avons transplanté les fleurs achetées la semaine dernière. Nous attendons maintenant que certaines d'entre elles s'épanouissent. J'ai également repéré une coccinelle sur une feuille de l'une des plantes récemment remise en terre. Avec les vers de terre entraperçus au moment de remplir notre nouveau petit jardin sur terrasse, ce sont des signes de vie qui ne trompent pas : nos plantes, ainsi accompagnées de petites bêtes bien sympathiques, seront heureuses. 

Baudouin

Hier, nous avons reçu 33 personnes. Rien que des Français et... un Belge qui s'appelait Baudouin de son prénom, exactement comme moi. En réalité, il a longtemps vécu au Brésil mais il était tout-à-fait belge et très charmant, un ingénieur ! Il s'est déjà inscrit pour le prochain "salon" d'Isabel, le 15 décembre, mais d'ici là, il reviendra peut-être pour un apéritif dinatoire, le 5 décembre prochain. Je crois que c'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui a le même prénom que moi et c'était pareil pour lui. Nous nous sommes étonnés ensemble pour la même raison. Notre maison a eu beaucoup de succès et Ana, qui avait organisé le brunch d'hier, était très contente. D'ailleurs, les gens étaient ravis. Ils ont pris des tas de photos. Celle-ci m'a été envoyée par l'un des participants. Avant de me l'envoyer, il a enlevé toutes les grues qui peuplent la baixa. Il faut dire que la vue était magnifique avec ce rouleau de brume sur le Tage et un grand soleil illuminant la ville. 

Le soir, nous avons accueilli Fabien, le fils de Josiane, qui était de passage à Lisbonne. Nous sommes allé manger à La Villa et il nous a beaucoup parlé de cette oligarchie inquiétante qui dirige la France en ce moment et qui a décidé de transformer le pays en accentuant les inégalités et en broyant le peuple avec toutes les chicaneries possibles. C'est assez effrayant de se dire qu'on va vivre dans un pays qui est tellement au bord du fascisme qu'il risque bien de perdre l'équilibre et de basculer dans cette horreur. 

Fra Angelico

Je suis en train. de terminer la lecture du roman d'Andrea. C'est un livre passionnant. Il s'étire un peu en longueur à la fin mais je ne regrette pas d'y avoir passé un certain temps. Quelles belles surprises ces évocations des fresques de Fra Angelico au couvent de San Marco à Florence et que j'ai visitées il y a quelques années avec Joëlle. 

* * *

Aujourd'hui j'ai fait un jeûne sec. Je recommencerai à manger et à boire demain matin. Ça n'a pas été trop pénible mais maintenant, après 24 heures de jeûne sec, j'ai un peu faim et assez soif.

Le Goncourt

Je le lis en ce moment. Il s'agit du roman de Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle (L'iconoclaste? Paris, 2023) qui m'a été offert par Federica qui passe quelques joiurs avec nous. C'est une histoire fascinante. Le sculpteur Mimo et Viola qui le considérait comme son jumeau cosmique. 

Shibli

Adania Shibli est l'auteur du petit roman que je viens de terminer : Un détail mineur, Actes Sud, 2020. Ce livre est magnifique. Adania Shibli est palestinienne. Elle raconte tout d'abord l'histoire d'une femme bédouine violée et tuée par des soldats israéliens dans le désert du Néguev. Cela s'est passé en aoît 1949 et 25 ans plus tard, jour pour jour, la narratrice voyait le jour. C'est ce détail, mineur si l'on veut, qui la lancera à la recherche des traces de ce crime.  

Haydn

Hier soir, nous sommes allés à un concert gratuit dans l'église de Sao Roque, pour écouter  un concert de musique baroque, As sete ultimas palavras de Cristo na cruz, op. 51 de Joseph Haydn. Un moment de grâce à l'intérieur d'un église au décor terriblement baroque. J'ai adoré la musique mais je ne suis pas un fan de ces décors surchargés de dorures où l'on distingue une multitude de chérubins dans toutes les postures possibles. De retour à la maison nous avons regardé le film d'Arte, La fugitive, l'histoire d'une espionne travaillant pour les services de renseignements russes. Le film nous tenait dans un suspense correct. 

Tout à l'heure, Isabel ira chercher son amie Federica à l'aéroport. Elles resera quelques jours chez nous. 

Jean-Paul

J'ai rêvé cette nuit de Jean-Paul Fitoussi, le professeur de sciences économiques qui, à la fin des années 70 m'a beaucoup poussé à écrire une thèse d'État, alors qu'il était doyen de la Faculté de Sciences éco et que je dirigeais le GERSULP.  Cette nuit, je lui préparais d'énormes sandwiches, avec du foie gras, des tranches de jambon, du fromage, bref des sandwiches géants qu'il appréciait en riant. Comme je lui tartinais d'énormes quantités de pâté, je me demandais s'il en resterait assez pour moi. Et je me disais que oui. Mais c'était lui le premier servi ! 

J'ai donné à mes deux chats, Gaston et Maïs, une caille chacun ce matin. Ils devaient avoir assez faim parce que, après quelques minutes, il n'en restait plus rien. D'habitude, ils ne mangent pas le cœur mais cette fois, ils n'ont rien laissé.  J'en ai gardé une pour Tatou, au cas où elle viendrait. 

J'ai vu plusieurs entretiens qui mettaient en scène Dominique de Villepin sur la question du Hamas et de la guerre avec Israël et je trouve que ses positions sont à la fois mesurées et courageuses. Il insiste beaucoup sur la justice et c'est bien de cela qu'il s'agit avant tout. 

Terrasse

Isabel est en train de poser des plaques de carrelage sur notre nouvelle installation pour agrémenter notre terrasse de plantes et de fleurs. Nous avons déjà acheté de nouvelles fleurs. Nous nous réjouissons à l'avance de les replanter dans ce nouveau jardin ! 

Capitalisme

 Belle rétrospective hier soir dans le cadre du programme THEMA d'Arte sur le capitalisme américain et le culte de l'argent et de la richesse aux Etats Unis.  L'argent  y est ce qui organise les rapports sociaux. Ce n'est pas un mal en soi. Dans ma thèse d'État, j'argumentais sur l'idée que, la parole n'ayant plus les mêmes vertus qu'auparavant dans les sociétés alphabétisées —au nom de l'usage que l'on peut en faire pour la mettre au service exclusif de ses propres intérêts privés —, la monnaie pouvait assurer une fonction analogue de mise en ordre du social. On me dira : "Mais la monnaie se met elle aussi au service des intérêts privés de chacun ! — Certes, mais cela ne peut se faire que dans le cadre d'un échange qui exige que chacun ne puisse y consentir que s'il y voit un avantage pour lui-même. Autrement dit, la monnaie nous oblige à échanger, à participer au marché. Elle nous oblige à servir nos propres intérêts. Elle nous force à réfléchir à l'avantage que l'on peut obtenir par le biais de l'échange. Elle nous rend entièrement responsable de notre comportement économique." Bien entendu la monnaie ne remplit pas les mêmes fonctions sociales que la parole de la même manière que cette dernière. C'est pourquoi on assiste à cette aberration d'une explosion des inégalités dans les sociétés capitalistes. 

Pull

 Ce matin, pour me prémenir du froid qui se fait sentir de plus en plus nettement à Lisbonne, j'ai mis le pull en cachemire que Françoise m'avait gentilment prêté lors de mon retour par Paris pour terminer mon dernier voyage à Luxembourg. Il est bien chaud et très doux. C'est un plaisir que de le porter. Bref, avec mon pantalon de velours, je me lance dans mes tenues d'hiver. Bleu ou noir. Parfois, mais rarement, marron. Lors de mon prochain voyage, je reviendrai en faisant étape à Strasbourg et à Marseille pour voir mes sœurs et mes filles. 

Varda

 Ruben et son copain Dylan sont partis. Ils ne sont pas restés bien longtemps mais c’était très sympa de les avoir tous les deux avec nous pendant quelques jours. Il fait froid à Lisbonne. Je viens d’allumer un feu dans la cheminée en pensant à Sasha qui, elle aussi doit sans doute préparer un feu pour sa soirée en Colombie. Pour le moment je regarde un film d’Agnès Varda, Sans toit ni loi avec Sandrine Bonner. Je ne suis pas passionné. C’est pour cela que j’ai mis mon iPad sur les genoux pour donner des nouvelles. Celles-ci sont assez maigres. Les chats continuent à bouder leur nourriture. On la mélange pourtant avec un peu de viande de bœuf qu’ils adorent. Mais on ne peut pas dire qu’ils se précipitent. 

BARF

Décidément, nos chats répugnent à manger l'alimentation supposée naturelle que nous leur donnons avec BARF. Ils ont apprécié leur bouffe pendant longtemps mais la dernière livraison, beaucoup trop grasse selon nous, n'est pas à la hauteur gustative des précédentes. 

Igor

Vendredi soir, nous sommes allés écouter le Requiem de Mozart dans une grande et belle salle de l'Université. Performance moyenne. Un peu déçus. 

Par contre, hier soir, j'ai regardé l'interview d'Igor Babou et Céline Pessis sur Médiapart. J'ai eu beaucoup de plaisir à écouter Igor parler de l'auto-critique des sciences. Il avait l'air très en forme avec cette chevelure magnifique. Ce fut un bon moment et je le remercie d'avoir ainsi parlé d'un passé intellectuel que nous partageons largement. 

Bleu

Après avoir entendu la messe en D mineur de Mozart à Gulbenkian (magnifique), nous avons revu, Isabel et moi,  Le Grand Bleu de Luc Besson, suivi par un petit documentaire sur Jacques Mayol, ce champion un peu étrange du plongeon libre qui, semble-t-il, avait réussi à atteindre les 120 m de profondeur en apnée. Ce film vaut vraiment la peine et malgré ses 35 ans d'âge —il a été diffusé en 1988—, ce film n'a pas vieilli. On le revoit avec plaisir. Ce soir nous devrions aller écouter le Requiem de Mozart dans une salle de l'Université. C'est aussi une œuvre que j'aime beaucoup. Nous avons également racheté quelques plantes pour notre terrasse, notamment un petit figuier, qui, j'espère grandira bien. 

Je suis toujours très effrayé par l'évolution du conflit entre Tsahal et le Hamas qui continue à faire de nombreuses victimes à Gaza. Je disais hier que la politique d'Israël était "indéfendable". Le mot est faible. Un autre mot m'est venu à l'esprit quand j'ai vu les représentants d'Israël au conseil de sécurité de l'ONU arborer une étoile jaune : c'est de l'indécence. Instrumentaliser ainsi la Shoa pour tenter de justifier ce qui se passe à Gaza est indécent. Israël étant ici "le plus fort", c'est à son gouvernement de calmer le jeu et d'entamer des négociations pouvant conduire à la solution des deux États. Je crains cependant que l'on en soit encore bien loin.

Indéfendable

 Le gouvernement d'Israël, qui continue à massacrer la population palestinienne à Gaza, en représailles de l'attaque surprise et de l'incursion terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre dernier, est en train de ruiner le crédit sur lequel il a pu compter de la part de la "communauté internationale" pendant de trop longues années. L'article d'Eric Fassin, qui nous rappelle le génocide des Herreros en Namibie au début de ce siècle, parle du "spectre d'un génocide". Il faut lire cet article paru sur le site d'AOC. 

Her

 Hier soir, nous avons vu avec Sydney le film Her, un film très étrange où l'on voit un homme, assez solitaire, tomber progressivemnt amoureux d'un partenaire conçu entièrement par l'intelligence artificielle, Samantha, qui dialogue avec lui et finit par lui devenir affectivement et émotionnellement indispensable. Tout, ou presque, se passe par téléphone. Cet homme ne rencontre pas un Autre dans la personne de Samantha, il rencontre un programme d'IA qui tient compte de ses propres caractéristiques pour correspondre à un partenaire idéal.

*        *

*

Hier après-midi, nous avons eu plusieurs invités pour partager le goûter d'anniversaire d'Isabel. Ce fut joyeux et intéressant sur le plan gastronomique avec un Paris-Brest, très bon malgré l'addition intempestive de tranches d'ananas qui n'avaient rien à faire dans ce gâteau.

Isabel…

…fête aujourd’hui son anniversaire. Nous avons invité plusieurs amis à un goûter festif avec vins, charcuterie et fromages suivis de plusieurs gâteaux, dés marrons, du thé et diverses friandises. Une belle atmosphère très amicale. Charlotte a envoyé des fleurs ce qui nous ému tous les deux. Auparavant nous avions été déjeuner sur le bord de mer avec le bruit formidable des vagues. Je me suis retiré de la fête un moment pour écrire mon blog et faire un petit somme. On se fatigue plus vite à mon âge.

Yahweh

"Le Tout-Puissant nous a donné cette terre, donc, elle est à nous..." 

"Quand vous l'a-t-il donnée ?" 

"Oh, lala, il y a bien longtemps." 

"Depuis toujours ?" 

"Non ! quand même pas ! Il nous l'a donnée quand nous avons commencé à exister."

 "Ah ???" 

"C'est une terre sacrée !" 

"Vraiment ? Comme certaines montagnes aux US pour les Lakotas ?" 

"Mais non ! Le Tout puissant n'a jamais rien donné aux Lakotas !" 

"Ah ?! Bon ! C'est triste pour eux. Comme pour les Palestiniens, sans doute !" 

"Ça, c'est vrai.  Pauvres Palestiniens, oubliés de Yahweh !" 

L’alphabet

 Cet après-midi, j’ai présenté mes thèses sur l’écriture alphabétique à la Facultade de Bellas Artes, invité par Joao Queiroz qui est professeur là-bas. Un bâtiment absolument magnifique qui avait été à moitié détruit par le tremblement de terre de 1755. J’ai parlé en anglais ce qui a été difficile, surtout à cause des idées que j’essayais de transmettre et qui ne sont pas si faciles à comprendre. Il y avait quatre étudiants, deux amis et Isabel. Alimo, notre ami iranien, était très intéressé mais il n’a pas vraiment compris mon argument sur l’arbitraire du signe. C’est pourtant une notion qui se trouve au cœur de mon argument. 

Turquie

 Je regarde actuellement un programme d’Arte sur la Turquie. Passionnant. 

Andreas Malm

Je me suis fait livrer par Amazon —ça a marché cette fois-ci— la traduction française du livre que m'a recommandé Fabien et dont j'avais lu les premières pages la dernière fois que j'ai été chez lui : Comment saboter un pipeline, (La fabrique, 2020). L'auteur regrette que les mouvements qui tentent de lutter contre l'inaction des gouvernements sur le dérèglement climatique, sont trop influencés par la non-violence qui, par elle-même ne mène pas à grand chose. Il montre que la plupart des mouvements qui ont obtenu des changements radicaux ont généralement utilisé une certaine dose de violence. En ce qui concerne le climat, il ne s'agirait pas d'une violence contre les personnes mais plutôt contre les biens, les entreprises, les investissements qui sont justement à l'origine du réchauffement climatique : dégonfler les pneus de SUV, saboter des pipelines, etc.

Minier

Je viens de lire le polar de Bernard Minier, Glacé (XO,  éditions, 2021). Excellent malgré une fin un peu baclée, comme toujours. Les complexités de l'enquête font que l'on sent que l'auteur ne sait plus très bien comment s'en sortir. Il s'en sort assez bien finalement... malgré tout. 

Ma santé s'améliore doucement. Je tousse encore mais ça va mieux.

Chine

33 convives hier soir pour écouter une présentation de la Chine par une professeure de chinois. Isabel avait cuisiné un dîner chinois, très bon. Les gens qui sont venus étaient ravis. J'y ai revu Joao qui m'a invité à faire une petite conférence mercredi prochain en anglais sur l'écriture alphabétique. Sydney et Isabel m'accompagneront. Joao m'a prévenu qu'ils ne seraient pas nombreux du tout : 3 ou 4 étudiants. Ce sera donc plutôt une discussion et Ana, la compagne de Joao, m'a assuré qu'elle posera beaucoup de questions. 

Cook

https://jonathancook.substack.com/p/western-medias-parroting-of-official?utm_source=profile&utm_medium=reader2

Il suffit de copier cette adresse dans n'importe quel moteur de recherche et vous tomberez sur une vision différente de la manière dont les médias "main stream" racontent les derniers événements du conflit entre Israël et les Palestiniens. Le même article peut être lu sur le site suivant :

https://www.middleeasteye.net/opinion/israel-palestine-war-western-media-gaza-parroting-lies-genocide-paving-way

Mensonges

Maintenant, Israël veut faire croire au monde que le missile qui a détruit l'hôpital à Gaza était de provenance palestinienne. Plus les mensonges sont gros, plus ils risquenrt d'avoir les effets escomptés. Il faut lire l'article de Jonathan Cook dans Chronique de Palestine, sous le titre "Massacre de l'hôpital al-Ahli : déconstruire le mensonge israélien" : "Il n’est pas seulement improbable qu’une roquette palestinienne ait détruit l’hôpital de Gaza. C’est tout simplement impossible. Les médias le savent, mais ils sont terrifiés à l’idée de le dire..."

Terrorisme

 J'ai écouté la conférence de Mélenchon à Toulouse et tout ce qu'il a dit me paraît fondé et raisonnable. Il existe, en France, une propagande médiatique honteuse contre la France insoumise. Mélenchon cite les consignes de la BBC qui demande à ses journalistes de ne pas utiliser le mot "terroriste" dans le cadre du conflit entre le Hamas et Israël. Alors que c'est précisément ce que tous les médias, tous les plateaux TV demandent aux membres de la France insoumise qu'ils font venir à la radio et à la télévision : "Pour vous les guerriers du Hamas sont-ils des terroristes ?" Devant leur refus de leur donner ce nom, les journalistes les condamnent en les soupçonnant de soutenir les guerriers du Hamas. "Il s'agit de crimes de guerre" répondent-ils, "voir de crimes contre l'humanité". Pourquoi le gouvernement israélien tient-il à ce point que l'on accuse le Hamas de terrorisme ? Parce que, face au terrorisme, tout est permis. Et c'est ce que veut Netanyahu. Avoir le champ libre pour éliminer les Palestiniens, le Hamas, tous les Palestiniens. Mais le gouvernement d'Israël y joue son âme et sa survie. 

Brauman

Excellente interview sur le site de "là-bas si j'y suis" de Daniel Mermet avec Rony Brauman sur le conflit en cours entre Israël et le Hamas : des paroles mesurées qui condamnent l'horreur des crimes mais qui rappellent l'histoire dont ils sont l'aboutissement.  

Israel

La terreur barbare semée par les guerriers du Hamas en Israel me semble mériter qu'on s'y arrête. On ne peut pas y voir l'amorce d'une stratégie rationnelle visant à renverser l'État d'Israel grâce à une intervention armée destinée à combattre et à vaincre Tsahal. Ce serait plutôt, selon moi, une provocation extrême par l'extrémisme même des horreurs commises sur les civils israéliens. Une provocation qui mise sur les représailles, extrêmes elles aussi, qui devaient forcément s'ensuivre. Il s'agirait donc d'un piège dans lequel Israel est tombé et où il risque sa survie en tant qu'État. Quel désastre ! Quelle tristesse !

J'ai appris hier le décès d'Huber Reeves, cet astrophysicien canadien qui a fait rêver tant de monde en parlant des étoiles. Je l'ai rencontré une ou deux fois. Il était lumineux. 

Palestine

Je n'arrête pas de penser aux Palestiniens. Leur colère, leur désespoir, leur impuissance face à l'arrogance du gouvernement de Netanyahu. Vengeance, vengeance. Cela ne peut qu'être extrêmement dommageable surtout pour Israel.

Papathétique

J'ai reçu un commentaire anonyme sur mon message intitulé "insensible ?" Pathétique, me dit mon commentateur à qui je réponds : "pas pathétique" du tout. Plus simplement : douloureux sans doute, ou tragique si l'on veut y mettre quelqu'emphase.

Mouchoirs

Même si cela va un peu mieux grâce aux médicaments que j'ai achetés à Paris, je ne suis pas sorti de l'auberge (cette  mauvaise grippe qui m'a fait épuiser en quelques heures la dizaine de mouchoirs en tissu que Françoise m'a donnée—l'emploi du verbe "épuiser" pour un mouchoir est un peu étrange mais je présume que l'on comprend ce que ça veut dire !) Alors qu'il fait une chaleur de 30°, j'ai encore quelques frissons et je me sens très faible. Bon ! Je tousse un peu moins et ma gorge semble se remettre. Je suis encore très affecté par l'attitude de mon fils et peut-être aussi par ma propre réaction. Démesurée ? Peut-être, mais je crois qu'elle m'était nécessaire. Parfois il ne faut pas laisser passer l'insupportable. 

Mon voyage de retour s'est bien passé. J'ai retrouvé mes citrons verts du matin, dont Isabel avait fait belle provision. À l'aéroport j'ai trouvé un livre de Malm, Avis de tempête (La Fabrique) mais je ne crois pas que ce soit le même que m'avait recommandé Fabien et que j'avais commencé de lire en anglais chez lui. 

Insensible ?

 J’ai passé une nuit exécrable. J’ai failli partir en pleine nuit. J’ai vu Fabien le matin qui, ironiquement, me demande si je continue de bouder. Mais ce n’est absolument pas une bouderie. J’estime que Fabien a manqué d’égards envers son vieux père malade. Je suis allé chercher mes médicaments moi-même, rue Roquépine. Cette rue n’était pas évidente à trouver et il a fallu que je m’arrête dans un café du boulevard Malesherbes avant d’y aller. Je suis arrivé devant une pharmacie qui venait de fermer. Le pharmacien, très aimable, est venu à la grille pour ma demander ce que je voulais et nous avons commercé. Je me sentais vraiment très mal et je ne comprends pas que Fabien ne s’en soit pas aperçu. Est-il à ce point insensible aux autres ?

Fabien

 Je suis malade depuis mon départ de Strasbourg. J’ai dû annuler tous mes rendez-vous avec Richard, avec Martine et Duncan et avec Joëlle, ce qui m’a beaucoup attristé. Je lui ai téléphoné pour lui annoncer cette mauvaise nouvelle. Elle était aussi désolée que moi. Le soir, j’ai demandé à Fabien d’aller chercher des médicaments qui m’avaient été recommandés par Françoise et Dali. Devant sa mauvaise volonté, j’ai dû y aller moi-même. Et je crois que cela va constituer un tournant dans mes relations avec lui.

Ouigo

 Je suis dans un train OUIGO et j’essaye d’écrire mes impressions de la journée d’hier. J’ai mangé à midi avec Bernard et Michèle. Comme toujours ce fut joyeux et très bon. Nous étions au restaurant Damas où j’ai pu déguster un « moutabal » parfaitement réussi. Ensuite, je suis allé chez ma sœur Françoise, après être passé par le quai des Brumes qui se trouve maintenant dans la Grand’rue. J’y ai acheté les deux volumes d’Alexandre Grothendieck, Récoltes et semailles, ce livre de deux mille pages qui retracent la carrière du plus grand mathématicien du xxe siècle. Je ne comprends pas tout car je ne suis pas mathématicien mais j’ai déjà trouvé des « perles » susceptibles de nourrir ma réflexion sur le statut des mathématiques dans le monde scientifique d’aujourd’hui. Par exemple, page 42 : « Nommer simplement l’idée, par quelque formule frappante, où par des mots-clés plus ou moins techniques, peut-être affaire de quelques lignes voire de quelques pages - mais rares seront ceux qui, sans déjà bien la connaître, sauront entendre ce « nom » et y reconnaître un visage. »

Irène

 Hier soir je suis allé dîner chez Irène et après le repas nous avons fait un Scrabble. Irène allait gagner la partie quand Pierre a pu terminer ses lettres ce qui fait qu’il a pu rajouter la valeur des lettres qui nous restaient à son score ce qui lui a permis de gagner. Mon propre score n’était pas fameux mais j’ai quand même trouvé de bons mots qui ouvraient un jeu très fermé. Aujourd’hui à midi j’ai déjeuné avec mon ami Bernard et Michèle dans un restaurant libanais très bon. Ce fut une joyeuse ripaille. J’ai toujours beaucoup de plaisir à parler avec Bernard qui a beaucoup d’humour ainsi que Michèle. 

Pensée

 Je viens de quitter Luxembourg et suis en route pour Strasbourg où m’attend un bon déjeuner avec mes sœurs et mon frère. Hier soir, j’ai eu une longue discussion avec Jeannot sur la manière dont les écoles pourraient devenir des « fabriques de pensée » plutôt que des cages à perroquets. J’aime beaucoup cette expression fabrique de pensée. Elle minimise la question des savoirs et de leur transmission. Cela ne veut pas dire que les savoirs ne sont pas importants. Mais sans la vie de la pensée, ils ne servent pas à grand chose. Or je crois que c’est ce qui manque le plus à l’école alors que les élèves n’arrêtent pas de penser justement, d’inventer et de créer si on les laisse un peu tranquilles avec les savoirs obligés. 

L’école

 Hier soir, je suis allé manger chez Gudes à Beringen avec Jeannot et nous avons évoqué les stratégies possibles pour sensibiliser les gens au désastre de l’école, cette noble institution qui fait tant de dégâts auprès de tous ces jeunes qui la détestent parce qu’elle ignore systématiquement leurs véritables talents. Elle rabote les différences pour les intégrer dans des hiérarchies qui promeuvent les plus dociles, les plus obéissants, les moins originaux. L’institution infantilise aussi bien les jeunes que ceux qui tentent de leur transmettre des savoirs inscrits dans des programmes dont la pertinence est loin d’être assurée dans ce monde qui a tellement changé au cours de ces dernières années. 

J’ai essayé à trois reprises d’appeler ce médecin de Strasbourg qui m’a été recommandé par Jean-Marc et Roselyne mais chaque fois ce fut en vain : correspondant indisponible. J’essayerai encore ce soir. 

Digitalisation

 Malheureusement, le wifi installé dans ma chambre ne fonctionne pas comme avant. Je suis obligé de ma mettre dans la grande salle où je prends mon petit déjeuner pour voir mon courrier.

Hier soir, quand je suis rentré de chez Jeannot où il y avait une réunion à propos de l’école Nicomaque, l’air était délicieusement frais si bien que j’ai ouvert toute grande la fenêtre de ma chambre. Je me suis endormi avec cette fenêtre ouverte. C’était magnifique. J’étais sous ma couette pour me réchauffer. Quel plaisir que cette nuit fraîche après tant de chaleur aussi bien à Marseille qu’à Luxembourg quand je suis sorti de l’avion.

J’ai discuté ce matin avec un groupe d’élèves sur le thème de la digitalisation de toutes les activités humaines. Je pense que cette tendance à tout digitaliser fonctionne comme une fatalité de même nature que le réchauffement climatique. L’un des élèves, convaincu de la dimension toute technologique de notre avenir, prédisait la disponibilité d’une énergie inépuisable avec la fusion nucléaire dans cinquante ans. À ma suggestion d’une voie alternative avec la sobriété, il a souri. 

Luxembourg

 Voilà ! Mon séjour à Marseille touche à sa fin. Hier, nous avons encore visité quelques ateliers, notamment un atelier de gravure et Stéphane, le graveur, nous a fait une petite démonstration en nous disant le nom de chaque instrument utilisé : les langes au moment de l’impression, le berceau, la poupée, la matrice, etc…tout un vocabulaire d’inspiration « maternelle ». Nous sommes allés manger des pancakes au beurre salé, délicieuses, et le soir, avec deux amies de Charlotte, Louise et Charlie (une jeune allemande) ainsi que Constantin, nous sommes retournés à Tripletta où nous avons dîné très joyeusement. Mon téléphone indiquait que j’avais marché sur une distance d’environ 4 kilomètres, avec des montées parfois un peu raides. 

J’ai également fini la lecture d’un petit roman acheté la veille : Dans son silence de Alex Michaelides, un polar qui met en scène un psychothérapeute vraiment étrange. Livre intéressant. 

Ateliers

 Visites d’ateliers d’artistes. Avec une petite pause entre deux ateliers.

Hier, j’ai fait la connaissance d’Anne-Marie Pécheur, l’ancienne patronne de la galerie Artcade, où Charlotte avait travaillé (service civique) quand elle est arrivée à Marseille. C’est aussi une grande amie de Jean-Marc et Roselyne. Anne-Marie peint et j’ai pu admirer les tableaux qu’elle exposait dans cette galerie. J’ai pu parler avec elle et je l’ai trouvée sage et posée. 

Quartier libre

 C’est le nom du restaurant où nous avons dîné hier soir, Charlotte, Constantin et moi. C’est une maison où ils sont tombés par hasard peu après être arrivés à Marseille. Et c’est vraiment très très bon, une « tuerie » comme le dit Constantin. Malheureusement, ils ne sont ouverts qu.à midi et le vendredi soir, ce qui fait que l’on ne pourra pas y retourner. C’était vraiment parfait, même les pommes de terre avec une sauce mayonnaise à la ciboulette, très simple, un plat à 5 euros… tout bio, évidemment, avec, pour finir un crumble aux prunes… exquis ! 

Dans l’après-midi j’ai fait quelques courses. Je me suis acheté une chemise bleu-électrique à 25 euros qu’il faudra repasser avant de pouvoir la mettre. Peut-être à Strasbourg ? Nous sommes aussi allés dans une parfumerie, L’Eau Cassis, où j’ai acheté une eau de parfum assez boisée pour remplacer celle que j’avais achetée il y a un an pour remplacer mon eau de Cade d’Occitane adoptée il y a bien longtemps. Évidemment nous nous sommes arrêtés dans une librairie. J’ai acheté un petit polar qui me tiendra réveillé dans l’avion qui m’amènera à Luxembourg lundi. 

Il fait vraiment très beau à Marseille. C’est une ville joyeuse où les gens n’hésitent pas à vous parler, à vous demander si tout va bien - est-ce mon âge qui suscite tant de sollicitude ?- à vous donner des conseils, etc… 

Bouillon

 Je suis arrivé à Marseille à 18 heures. Heureusement, le bus qui m’a conduit de l’aéroport à la gare Saint Charles était en partance au moment où je suis sorti de l’aérogare. Charlotte et Constantin sont arrivés et nous avons été  déposer ma valise avant de retrouver Jean-Marc et Roselyne au restaurant « le Bouillon » où Charlotte avait réservé une table pour cinq. J’ai été ravi de voir Jean-Marc et de discuter un peu avec lui. Charlotte et Roselyne se sont pris la tête pendant cinq minutes. Heureusement, elles se sont bien réconciliées à la fin. Cette nuit j’ai repensé au thème que je lui ai proposé de traiter pour la commémoration de la naissance de Feyerabend à la rue d’ULM le 22 mars prochain. Je me réjouis de l’approfondir pour cette occasion. 

Départ

 Je suis à l’aéroport, terminal 2, de Lisbonne. J’attends mon avion pour Marseille. Je me réjouis de revoir Charlotte et, ce soir, de dîner avec Jean-Marc et Roselyne au Bouillon. J’ai emmené mon livre sur la langue grecque. Hier soir nous avons dîné chez Alimo et Avisa, des plats iraniens absolument délicieux. Karim et Alima (?) étaient arrivés du Maroc avec environ deux heures de retard. Encore un voyage assez fatiguant qui s’annonce. J’ai emmené ma canne qui n’a pas eu les effets escomptés à l,aéroport mais comme je suis un peu en avance, tout va bien.

Marcolongo

 Hier soir j’ai rompu mon jeûne de deux jours. J’ai pris un bouillon le soir en regardant le programme d’Arte sur l’affaire d’Agnès Le Roux. Une enquête qui a duré plus de 30 ans et qui dévoile le fonctionnement de l’appareil judiciaire en France. Agnelet est passé trois devant un jury d’assises pour finir dans un jugement de culpabilité qui lui a valu 20 ans de prison pour l’assassinat d’une femme dont on n’a jamais retrouvé le corps. Intéressant.

J’ai commencé la lecture d’un petit livre que m’a prêté l’une de mes auditrices lors du salon d’Isabel sur l’écriture alphabétique et la science. Il s’agit du livre d’Andrea Marcolongo, La Langue géniale. 9 bonnes raisons d’aimer le grec, Les belles lettres, 2018. Ce sera le livre de mon prochain voyage qui commence demain.

Ce soir, nous dînons chez Alimo et Avisa, avec Karim et son épouse qui viennent du Maroc et qui logeront chez nous dans la chambre de Charlotte.

Oppenheimer

Nous avons vu le film de Nolan hier après-midi et, oh ! surprise ! pour une fois le film n'a pas été interrompu au milieu de la séance pour cet entracte intempestif qui caractérise le visionage des films en salle à Lisbonne. Ce film est absolument passionnant par ce qu'il nous montre de l'organisation d'un immense projet militaro-scientifique, le projet Manhattan qui a débouché sur la confection des premières bombes atomiques et de la première bombe H. Il nous montre surtout les réactions politiques de cet événement crucial qui marque notre entrée dans ce monde d'après dont on sent aujourd'hui plus que jamais, l'émergence. Bref, un film à voir absolument.  

Jeûner

Jour de jeûne aujourd'hui, avec Sydney, notre locataire du 2e étage, qui est venue hier chercher son linge et me faire cette proposition de jeûner ensemble. À trois jours de mon départ pour Marseille, c'est parfait. Ce voyage qui doit m'amener à Marseille, puis à Luxembourg, puis à Strasbourg pour se terminer à Paris le 10 octobre, ne sera sans doute pas très facile. Je devrai emmener plus de vêtements et mon sac à dos en sera d'autant plus lourd. Il faut dire qu'en me rachetant un iPad, je m'épargne un kilo d'ordinateur, ce qui n'est pas négligeable. En jeûnant, je m'épargne aussi quelques centaines de grammes dans le corps, devenant ainsi plus léger à faire bouger. Quand je pars, je me sens comme un astronaute à qui l'on demande d'emmener le moins de choses possible sur la lune. Je ne vais pas sur la lune, certes, mais l'intention d'économiser le moindre surpoids me convient.

Théorème

 Hier vers 15h, nous sommes partis pour aller à la célébration des 57 ans de Tissa, une grande amie d’Isabel. Il fallait traverser le Tage. Mais avant ça, il fallait sortir d’une ville en pleine ébullition, non pas tant à cause de la chaleur qu’en raison d’une multitude de touristes ainsi que d’une manifestation qui bloquait les grandes avenues. Il y avait aussi des travaux au centre-ville. Bref, nous avons mis plus de deux heures pour atteindre le lieu de la fête qui était à une trentaine de kilomètres de notre point de départ. Donc plus de deux heures de voiture pour boire de l’eau pendant cinq heures - bien sûr il y avait un grand choix de boissons alcoolisées mais j’ai préféré boire de l’eau - et parler un peu avec Amadeo, l’oncle de Tissa, qui écrit des livres. Le dernier est un roman qu’il vient de terminer sur… - devinez ! - l’amour et la mort - « surtout la mort » - me dit-il avec ce pli amer de la bouche, si nécessaire pour souligner de tels propos. En fait, il est un an plus jeune que moi. Très vite, il s’est levé et il est parti, me laissant seul au milieu de cette grande famille joyeuse dont je ne connaissais que quelques membres. Rien de mieux qu’une grande famille comme celle-là pour se sentir étranger, pour se sentir « l’étranger », comme Terence Stamp dans le film Théorème de Pasolini. Mais, que mon lecteur se rassure, je n’ ai couché avec personne dans cette familia grande !

Le lendemain

J'écrivais avant-hier ici même : "...on verra si c'est toujours vrai", quoi ? que l'on me comprend mieux quand je parle que quand j'écris. Et bien, oui ! il semblerait que ce soit toujours vrai : la vingtaine de personnes qui s'étaient inscrites pour m'écouter, ont été très contentes de l'exposé que je leur ai présenté sur l'écriture alphabétique et la science. Beaucoup m'ont remercié très chaleureusement. Pourtant, c'était assez difficile pour la plupart puisque je parlais en français et que leur connaissance de la langue était parfois hésitante. En outre, le sujet lui-même n'était pas facile. L'évocation de la question de l'arbitraire du signe sur la base d'une référence au Cratyle de Platon et au Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure sans oublier Derrida et quelques autres, aurait pu décourager les intelligences les mieux disposées. Malgré tout cela, ça s'est bien passé. Le dîner grec préparé par Isabel était délicieux. Beaucoup de gens m'ont dit qu'ils reviendraient et Isabel me dit qu'elle a déjà reçu une inscription pour le prochain"salon" sur le thème de la cuisine chinoise : "Les vents qui soufflent de la Chine sont en train de changer le monde", tel est le titre qui sera traité le 20 octobre prochain !

Écrit/oral

Voilà  six ans exactement que mon grand ami Zbyscek nous a quittés. Je pense souvent à lui. Il fait partie de ma vie. Comme tous ces autres qui sont partis pour toujours comme Jean Guir à  qui je pense aussi très souvent. Mes frères aussi. 

Demain, je parle à nouveau de l’écriture alphabétique et la science. Isabel, qui a lu le texte dans lequel je présentais ce que j’allais présenter, a trouvé mon texte difficile à comprendre si bien qu’elle a conseillé à ceux qui se sont inscrits pour m’écouter de ne pas le lire et d’attendre de m’entendre pour se prononcer. C’est ce que Michèle K. m’a dit un jour : « Quand on te lit on n’y comprend rien, mais dès que tu parles, ça devient très clair. » On verra demain si c’est toujours vrai !

Esprits

J'ai fini de lire le first draft de la thèse de ma petite fille Sasha. Elle se termine d'ailleurs par le récit d'une cérémonie qui finit mal (ou bien ?) avec la mort d'une grand mère lama pendant la nuit. Cela met en émoi la petite communauté de ceux qui ont participé à cette cérémonie et qui ne savent pas trop comment interprêter cet événement, la venue de la mort.  En fait, les esprits qui ont été conviés autour du feu pendant la nuit, ont peut être eu besoin de l'animal pour retourner de l'autre côté. 

Edilson et Lilian

 Nous avons revu aujourd’hui Lilian et Edilson, des amis brésiliens que nous n’avions plus vus depuis au moins 5 ans. Ils n’avaient pas encore vu la maison qu’ils ont trouvée très belle et confortable. Nous avons déjeuné sur la terrasse où il faisait encore très bon. Ils sont ensuite partis avec Isabel pendant que je continuais ma lecture de la thèse de Sasha. J’aurai sans doute fini aujourd’hui. C’est un travail magnifique qui j’espère, donnera lieu rapidement à soutenance d’abord et à publication ensuite, en anglais et en français si possible.

Émergence

 J’ai rédigé mon petit texte qui, traduit en portugais, devrait aider mon public à mieux comprendre les arguments que je vais lui présenter vendredi prochain, sur les rapports entre oralité et écriture et sur la manière dont ces rapports ont pu contribuer à faire émerger la science grecque.

Apertura

Je n'ai pas pu poursuivre ma lecture de Petrosyan. Il faut que je fasse faire ma traduction en portugais du texte qui sera la base de mon intervention vendredi prochain. Même avec google-translation ou avec Deep-L, cela prend du temps parce que je ne peux pas traduire plus de 3900 caractères à la fois. Isabel doit lire mon texte en français auparavant pour voir si cela peut constituer effectivement la base de ma présentation. C'est un texte assez ancien, que Guy Le Gaufey avait trouvé intéressant quand je l'ai proposé dans le cadre d'une conférence Apertura. Je n'avais pas encore lu David Abram à l'époque et il faut que je voie comment cette référence pourrait compléter mon argumentation initiale.

Petrosyan

 J'ai terminé Shibumi hier soir. Un roman noir assez réussi, je dois dire. Hier, nous sommes allés manger avec de vieux amis d'Isabel, Mimi et Silvestre. Ce dernier nous a fait don de l'un de ses dessins que nous accrocherons au dessus du piano. Je lis actuellement la première version de la thèse en anthropologie de ma petite fille Sasha. Malheureusement je ne peux pas m'y consacrer complètement parce que je dois préparer mon intervention du 22 septembre. Le soir, je préfère lire de la fiction et je vais entamer un roman que m'a recommandé Anne Thomas : Le maison dans laquelle, de Mariam Petrosyan, une romancière arménienne qui a publié la traduction en français de ce livre en 2016. L'original est en russe-arménien. 

Shibumi

 Le livre de Trevanian est vraiment intéressant. Il s'agit d'un "roman-culte", disent-ils et je comprends pourquoi. Il est bien écrit et donne beaucoup d'informations sur la culture japonaise ainsi que sur l'ambiance au Japon juste après sa défaite en 1945, la présence, assez conflictuelle, des Américains et des Russes dans un Japon dévasté par la guerre. C'est un long roman qui me tiendra en haleine encore pendant deux ou trois jours. 

Extinction

 Finalement, j’ai trouvé le livre de Désérable assez intéressant. Suspense à la fin, quand il est interrogé par des défenseurs kurdes du régime. 

J’ai travaillé sur mon intervention du 22 septembre. Cela me plaît. Je sais ce que je veux dire mais j’essaye de le dire le plus simplement possible. Sans complications ou références inutiles. Ceci dit, on ne peut pas s’en passer complètement. Donc, je ressors Ong, Havelock, Février, Finley, Saussure, etc. 

Pour le moment, je regarde un programme d’Arte sur les insecticides et la plus grande extinction du vivant que l’homme a suscitée.

Procrastination

 Je dois absolument écrire une sorte de résumé détaillé de ma présentation du 22 septembre. Jusqu'ici j'ai procrastiné en me disant que quand l'échéance serait trop proche, j'écrirai à la hâte —"on ne crée réellement que dans la hâte" (Lacan)— le texte de mon intervention. Mais, à force de procrastiner, l'angoisse augmente.  J'aime bien la manière dont Raymond Chandler luttait contre la procrastination. Il disait : soit tu écris (ce qui était son job le plus important), soit tu ne fais rien, c'est-à-dire que tu t'obliges à ne rien faire du tout, jusqu'à ce que l'ennui te remette au travail ! En fait, je pense à mon intervention depuis longtemps mais je ne fais qu'y penser. Je prépare mon cerveau à l'épreuve. Est-ce comme ça qu'il faut travailler. Non ! bien sûr.

Hier en fin d'après-midi nous sommes allés à un concert à Gulbenkian. Le programme affichait une performance de Ami Yamasaki et Ko Ishikawa. Le concert a duré environ 45 minutes. Ko Ishikawa soufflait dans un instrument qu'il portait à sa bouche et qui faisait résonner un son qui, au début, venait d'une respiration hachée, puis se transformait peu à peu en un son continu qui pouvait durer très longtemps, ce qui me faisait me demander comment il était possible d'allonger son souffle de manière aussi soutenue sans que l'on puisse identifier la moindre reprise de la respiration. Je n'avais d'ailleurs jamais vu un tel instrument de musique. 

Trevanian

 Le livre de Désérable me barbe un peu. Rien à voir avec l’écriture de Bouvier. L’idée était certainement bonne mais ce qu’il nous raconte de son périple en Iran n’est pas vraiment passionnant. Certes, j’irai jusqu’au bout mais en atendant que ça devienne un peu plus haletant, j’ai commencé un polar qui se trouvait dans ma bibliothèque et que je n’avais jamais lu. Il s’agit du livre de Trevanian, Shibumi, qui a l’air pas mal.

Sasha

Avant hier, nos trois chats (Tatou était revenue pour l'occasion)  attaquait ensemble un rat cahé dans les fleurs. On aurait dit une troupe de lions à l'affut d'une proie qui, manifestement, n'en menait pas large. En fait le rat a grimpé le long d'une tige de nos fleurs pour se mettre à l'abri. Les chats ne s'attendaient pas à une telle manœuvre. Ils regardaient, désœuvrés, le petit rat en train de les narguer du haut de sa tige. Je n'ai pas attendu plus longtemps mais, apparemment, le rat s'en est tiré. Bravo à lui !

Sasha m'a envoyé le texte de sa future thèse. J'ai commencé à lire et j'ai trouvé les vingt premières pages très bien écrites et très personnelles. Elle m'avait prévenu. Pour moi, c'est magnifique parce que je m'intéresse à elle. Je me demande ce qu'en pensera Jean-Christophe, son directeur. Sasha va demander à Jean-Christophe de m'inviter au jury. Mais je ne suis pas sûr d'être éligible. On se dirige, me dit-elle, vers une soutenance en ligne. Quel dommage ! lui ai-je dit. Ainsi nous n'aurons pas l'occasion de discuter la thèse autour d'un feu !

Convergence

Il s'agit ici de la convergence des systèmes politiques de deux pays, les États Unis et la Chine, d'après la thèse de N. S. Lyons, auteur d'un essai, The China Convergence, dont j'ai lu de larges extraits en ligne dans The Upheaval, et où il montre comment les systèmes politiques chinois et américains convergeaient sous couvert d'une même obsession du management que je traduirais volontiers en français par "administration". Il parle de cette idéologie de managerialism qui n'est ni de gauche ni de droite, qui n'a aucun objectif précis si ce n'est de préserver le statu quo, avec une "élite" assez réduite et un peuple dont il faut satisfaire les besoins de sécurité et les désirs consommatoires au prix d'une soumission complète. Le managérialisme chinois est certes plus dur que celui qui caractérise les États Unis, en apparence tout au moins.  

Anne

Hier, je pensais à Guy Chouraqui en terminant ma lecture de Mathias Enard. Aujoird'hui, je ne peux m'empêcher de penser à Anne, quand je lis le livre L'usure d'un monde, de François-Henri Désérable (NRF, 2023) qui a traversé l'Iran sur les traces de Nicolas Bouvier, cet auteur magnifique que m'avait si chaudement recommandé Anne et qui m'avait passionné. Le livre de Désérable n'est pas inintéressant même si son écriture n'a rien à voir avec la fulgurance stylistique de Bouvier. Notre jeune auteur nous raconte ses rencontres et, en particulier, avec ces femmes qui ont décidé de secouer le joug des mollahs en découvrant leurs cheveux et en brûlant leur voile. 

Après avoir reçu un mot de Guy en écho à mon évocation du Livre d'Énard, je suis allé voir en quoi consiste l'algorithme de Syracuse sur internet. Je suis tombé sur cette suite étrange qui se termine toujours par 4, 2 et 1. Du coup, je suis intrigué par ce que me dit Guy sur sa propre découverte dans un des coins de cte algorithme. Je vais poursuivre mes investigations.

Guychou

 En terminant, hier soir, ma lecture de Mathias Enard, j'ai pensé à mon ami Guy Chouraqui, en me disant qu''il aimerait sans doute ce livre qui parle des mathématiques et des mathématiciens, de leur résistance aux agressions nazies, des idéaux politiques qui les ont fait adhérer au communisme, etc. C'est un livre qui parle aussi beaucoup de la RDA et dont les dernières pages parlent beaucoup de la ville de Liège et de la résistance belge de gauche, qui, malheureusement n'est pas celle à laquelle mon père participa à l'époque. 

Enard

Je termine aujourd'hui la lecture de Mathias Enard. C'est un livre étrange et magnifique de par son écriture et son contenu narratif : deux histoires apparemment séparées mais qui, je l'espère, vont se rencontrer dans un dénouement que je ne fais que pressentir.

Nous avons accueilli aujourd'hui une nouvelle locataire dans la chambre jaune. Il s'agit d'une psychanalyste brésilienne qui est aussi anthropologue et qui a un poste à l'institut des sciences sociales de l'Université de Lisbonne. Elle travaille sur une population autochtone de l'Angola.  Elle parle français.

Déserter

C'est le titre du livre de Mathias Enard que je suis en train de lire en dégustant littéralement la langue que fabrique son écriture étincelante. Alors que j'ai abandonné la lecture du Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs, qu'il a publié en 2020, je suis de nouveau fasciné par cet ouvrage tout comme je l'avais été à la lecture de Boussole (2015, prix Goncourt). Ce roman étrange qui parle de guerre et de mathématiques est magnifique. Je le recommande chaleureusement à tous ceux qui connaissent Mathias Enard.

Aujourd'hui, à midi, nous sommes allés manger dans un restaurant grec. Isabel voulait tester leur tarama pour pouvoir en offrir éventuellement lors du dîner grec qu'elle organise pour la reprise des salons du contrefort avec une présentation de B. Jurdant sur l'écriture alphabétique et la science.

Poison

J'ai presque fini le roman de Caryl Férey dont le seul intérêt est qu'il nous parle de la Namibie, du Kalahari, du Botswana, des animaux sauvages et de leurs prédateurs, ces hommes qui tuent les rhinocéros pour leur prendre leur corne vendue à des milliers de dollars aux Chinois, qui empoisonnent les lions pour leur prendre leurs griffes et leurs crocs... d'ailleurs, en parlant de poison, mon œuf ce matin avait un mauvais goût, à tel point que j'en ai laissé la moitié. J'espère que je ne me suis pas empoisonné avec cet œuf qui, dans l'eau de cuisson, flottait. Mauvais signe. Pourtant, selon la date inscrite sur la boîte, cet œuf était sensé être tout frais. 

Okavango

C'est le nom d'un fleuve qui coule en Namibie et au Botswana. C'est aussi le titre du roman que j'ai commencé à lire, de retour à Lisbonne et avec la tête encore pleine des joyeux échos de la fête organisée par Duncan. Fête vraiment très réussie malgré les défaillances du traiteur Kieffer dont la réputation n'est pas à la hauteur de sa performance déplorable aussi bien sur le plan gastronomique qu'au niveau de l'organisation au château de Pourtalès. 

Orly

 Curieusement, nous avons retrouvé Charlotte à Orly, terminal 3, parce qu’Isabel s’est souvenue qu’elle avait pris un billet d’avion Air France Paris- Marseille alors que Charlotte avait déjà pris un billet de train. Nous avons deux ou trois heures ensemble avant qu’elle ne prenne son vol. Nous devrons attendre un peu plus longtemps parce que notre vol pour Lisbonne part à 20h55. En attendant, nous allons lire les livres que nous avons achetés. 

Notre séjour chez Marcella a été très passionnant. Marcella est une femme de théâtre mais aussi une femme philosophe qui a le sens de la formule. Les discussions avec elle sont vraiment intéressantes. Elle est vive et sage ce qui est une combinaison rare. Généralement, les sages sont assez tranquilles et peu bavards. Elle, c’est tout le contraire. Elle parle beaucoup. Sa voix est forte et passionnée. Ce qu’elle dit est toujours bien pensé. Un vrai plaisir !

Froid

 Nous arrivons au bout de notre séjour à Strasbourg. Je voudrais revoir Françoise que j’ai peu vue pendant la fête. Ainsi que Célia, mais cela va être difficile à cause du temps qui est loin d’être élastique ! Il fait beaucoup plus froid aujourd’hui comme si l’automne se précipitait à notre rencontre de peur de manquer son rendez-vous d’octobre. 

Famille

 La fête est finie et il faut dire merci à mon beau-frère Duncan de l’avoir si magnifiquement organisée au château de Pourtalès à Strasbourg. Cela fut une grande joie pour tout le monde de se retrouver pendant ces quelques heures que nous avons passées à boire, chanter, danser, et parler surtout pour le plaisir d’être ensemble. Duncan m’avait demandé de faire un petit discours de cinq minutes « en tant que chef de famille ». C’est ce que j’ai fait en évoquant tout d’abord ceux qui ne sont plus là, Dominique et Jean-Pierre, nos frères aînés disparus. 

Sur le thème de la famille j’ai cru bon de souligner la part de l’implicite dans l’établissement des liens familiaux. Au fond, la famille est une « institution naturelle » ce qui constitue une sorte d’oxymore, car quand on parle d’institution, il n’est pas courant de rattacher ce concept à la nature. Il y a beaucoup de non-dits dans un groupe familial et cela peut sans doute avoir parfois de fâcheuses conséquences mais c’est aussi en laissant ces non-dits en suspens qu’on peut les travailler plus librement qu’à travers une explicitation qui est toujours une interprétation pouvant déboucher sur des rapports de force. Dans ce cas, dès que des enjeux de pouvoir interviennent, la famille devient une sorte de petite mafia au lieu de rester un espace social de liberté relative qui exige de chacun l’acceptation de lui appartenir sans qu’il s’agisse d’un choix. On ne choisit pas sa famille. Elle nous oblige à lui appartenir. Bien sûr on peut se mettre à l’écart, renier son appartenance familiale mais un tel reniement est très illusoire, même après les ruptures, celles-ci pouvant parfois être spectaculaires.

Natacha

 Hier, nous avons rendu visite à des amis et en fin d’après-midi, nous avons été chez Françoise où nous avons rencontré la famille de Natacha, la fille aînée de Martine. Un grand plaisir de voir Dominic et Marcus, grandir si bien. Natacha est tout-à-fait charmante et James avait l’air très intéressé par le saucisson que nous venions d’acheter dans l’une de ces ruelles bondées de touristes de Strasbourg. Le soir nous avons dîné avec Daniel Zimmer, un ami d’il y a longtemps, psychiatre et psychanalyste, qui voit souvent Dominique Roth, un grand pourfendeur des Américains qui écrit des livres et qui avait soutenu sa thèse avec moi comme directeur et Inacio Ramonet comme rapporteur.

Strasbourg

Il y avait longtemps que je n’avais plus vu ma sœur Martine et son mari Duncan. Nous avons dîné ensemble hier soir au Purgatoire qui est le restaurant qui a pris la place du Renart Prêchant, célèbre lieu de rendez-vous pour les amateurs de gibier et girolles du passé. Ce n’était pas aussi bon qu’avant mais enfin, nous nous sommes retrouvés en terrasse avec beaucoup d’histoires à se raconter.

Il ne faut pas que j’oublie de raconter le rêve que j’ai fait cette nuit sur l’école. C’était une nouvelle école et je travaillais avec son si recteur. Je lui rappelais combien il est important de laisser un place à l’instauration de liens implicites entre les acteurs (enseignants et élèves) de l’école. La tendance paranoïaque moderne qui tend à tout prévoir et à interdire beaucoup me semble comme toujours, absolument catastrophique. L’implicite, c’est comme l’eau dans notre corps, l’eau qui assouplit les relations entre nos organes vitaux. Dans mon rêve, je me disais qu’il serait important d’écrire tout un livre à ce sujet, un peu comme celui de Michael Polanyi sur Tacit Knowledge, un livre qui m’a beaucoup influencé dans ma carrière universitaire.

iPad

 Levés à 6h30, ce matin pour prendre l’avion. Le voyage fut parfait avec mon iPad et le western qu’il m’offrait : Silverado avec Kevin Kosner. C’est un assez bon film malgré les clichés du genre revisités à grands renforts d’accords que l’on a entendus des milliers de fois au moment où les chevaux se mettent à galoper au milieu des rochers d’une sierra hostile. Je suis maintenant dans un train OUIGO qui me rapproche de Strasbourg. Il pleuvait sur le France quand nous sommes arrivés mais maintenant les nuages se colorent de jaune et d’orange clair. 

Malade

Depuis hier, je suis malade. Bon ! je ne remets pas en question mon voyage à Strasbourg mais ça risque d'être un peu pénible. Je prends des médicaments et je me mets des gouttes dans le nez. Je me réjouis beaucoup d'être à Strasbourg.

Cevicheria

 De plus en plus chaud à Lisbonne. Isabel et moi sommes allés à la recherche de Tatou dans les jardins du couvent à l'ouest de notre terrasse sud. Nous avons parcouru ces espaces assez sauvages avec la gardienne noire de cet immense immeuble qui fut un couvent dans des temps reculés. Auparavant, nous sommes allés manger à la Cevicheria. Nous avons retrouvé ce restaurant qui nous avait tellement gâtés il y a quelques années mais dont la qualité a baissé alors que les prix, eux, ont augmenté. Baisse de qualité et augmentation des prix c'est, semble-t-il, le destin de beaucoup de maisons.